Poésie russe dans une librairie parisienne

C’était une soirée poétique organisée dans le cadre de l’Année croisée France-Russie dans une des librairies de Paris. Initiée par Colette Weibel, une des admiratrices de la poésie russe, la soirée portait sur les poètes « du siècle d’argent ».

Marina Tsvetaïeva, Anna Akhmatova, Boris Pasternak et Ossip Mandelstam étaient ce soir à l’honneur. La poésie russe violente et touchante, frissonnante d’une tendresse où la souffrance à chaque instant oblige à ne rien épargner de soi, a bouleversé le public.

Le poète Iossif Brodski disait : « Il y a deux miracles russes : la flotte et la poésie ». Il voulait souligner que rien ne prédisposait la Russie à lancer ce feu d’artifice jamais vu qu’est la culture russe, cette culture qui brille toujours d'un rare éclat.

On connaît en France le destin tragique des poètes russes de l’époque stalinienne : Anna Akhmatova dont le mari est fusillé et le fils exilé à plusieurs reprises, Ossip Mandelstam qui meurt en Sibérie, Marina Tsvetaïeva qui se suicide. À partir des années 1930, le grand gel règne sur les lettres russes. À quelques exceptions près, leurs œuvres ont été écrites « pour le tiroir », sans espoir de publication. Et cependant cette poésie est un véritable miracle, tempête de sentiments et de trouvailles poétiques : « J'ai été ravie d'écouter la musique de la poésie russe. Un espace de temps, hors du temps, tout en évocation et en ressentis qui m'a réchauffée », dit une jeune Parisienne après la soirée. « Durant la soirée, j'ai entendu de la musique, plutôt Debussy, lorsque vous récitiez l'âme russe », continue une autre. « J'ai été ravie de vous écouter déclamer des poètes russes. Presque tout ce que j’avais à dire, d’autres l’avaient crié avant moi », conclut la troisième.

L’ambiance chaleureuse et émouvante, le public français extraordinaire et la sonorité de la poésie russe ont rendu cette soirée inoubliable. Espérons que cette belle initiative continuera.

Photos : P. WEIBEL