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Les Routes de l’Histoire

Jeanna AROUTIOUNOVA

Zinovi Pechkoff (1884-1966)

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Zinovi Pechkoff

Zinovi Pechkoff (de son vrai nom Yeshua Zalman Sverdlov), général et diplomate français d’origine russe, voit le jour le 16 octobre 1884 à Nijni Novgorod.

En 1896, Maxime Gorki – qui a alors 28 ans – prend le jeune Zinovi sous sa protection. Leurs chemins ne vont plus se séparer. Sorte de secrétaire, « homme à tout faire », Zinovi lui apporte un soutien aussi fervent qu’efficace.

L’année 1902 est une date charnière dans les vies croisées de Gorki et de Sverdlov. Elle marque l’adoption à Arzamas, sous le rite orthodoxe, du jeune Zinovi. Pour contourner la loi qui limite les déplacements des Juifs dans l'empire, mais aussi pour marquer son lien avec l’écrivain, Zinovi Sverdlov se fait baptiser le 30 septembre 1902 dans l’église de la ville. Il change officiellement de nom, adoptant le véritable nom de Gorki, Pechkoff, celui-ci étant son parrain officiel.

La Guerre mondiale surprend Zinovi en Italie en août 1914. Il se rend au consulat de France à Gênes pour s'engager dans la Légion étrangère. Deux mois suffisent pour équiper et former les volontaires en ce début de conflit. Pechkoff qui s'est distingué – il connaît outre le russe, le français, l'anglais, l'italien et l'allemand – part pour le front en Champagne. Nommé caporal le 1er avril 1915, Zinovi prend le commandement d'une escouade. Quelques jours plus tard, en mai 1915, lors des combats menés par sa division devant Arras, il est grièvement blessé. Une balle lui fracasse le bras alors qu'il est à la tête de ses soldats. Il se retrouve à l'hôpital de Neuilly où l'amputation le sauve de la mort. Décoré, le caporal Pechkoff retrouve Paris, où il rencontre Philippe Berthelot, le célèbre secrétaire général du Quai d'Orsay, qui saisit ce que ce jeune mutilé peut apporter en termes de propagande aux États-Unis. Convaincu de l'intérêt de cette stratégie, le ministre des Affaires étrangères, Briand envoie Zinovi auprès de l'ambassadeur de France, Jusserand, avec le grade de « lieutenant interprète à titre temporaire pour la durée de sa mission ». Au bout de neuf mois, Pechkoff qui, dès juin 1916, rentre à Paris, mission accomplie.

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À cet instant, l'attention diplomatique se porte sur le continent européen. Nommé capitaine, Pechkoff assiste aux événements qui plongent la Russie dans la révolution. Par son frère Iakov Sverdlov, il a des contacts avec les bolchéviques, mais ne partage en aucune manière leur point de vue. Le gouvernement français l'envoie en Russie, sur tous les fronts de la Guerre civile. Il rencontre ainsi l'ataman des Cosaques Semenov, puis l'amiral Koltchak pour l'aider à réorganiser son armée. Ensuite, en février 1920, au Caucase où il tente de jouer un rôle auprès du général Wrangel. La victoire définitive de l'Armée Rouge sur les Blancs oblige Pechkoff à rentrer en France.

Toujours lié à la Russie, Zinovi, secrétaire général d'une organisation « Contre la famine », relaie l'appel désespéré de Gorki auprès de la presse du monde entier pour obtenir de l'opinion internationale une aide alimentaire pour son pays. Cette campagne – et le séjour que l'écrivain débute alors en Allemagne où il se fait soigner – rapprochent le père et son fils adoptif. À cette époque, Pechkoff est reçu dans les plus grandes maisons en compagnie de la princesse Salomé Andronikov qu'il a rencontrée dans le Caucase, ramenée en Europe et qui partage sa vie.

En mai 1922, Pechkoff retrouve la Légion Étrangère avec le grade de commandant. Le « manchot magnifique » tel que le surnomment ses soldats, mène ses troupes au combat avec vaillance. En juin 1925, il est blessé à la jambe gauche lors d'une attaque.

img3 À partir de cette période, Pechkoff alterne des périodes des missions diplomatiques. Après avoir entendu l'appel du 18 juin du général de Gaulle alors réfugié à Londres, il décide de le rejoindre. A la fin de 1941, de Gaulle le promeut au grade de colonel et l'envoie en mission en Afrique du Sud où il organise le transport d'armement à destination des troupes alliées.

Nommé général de brigade en avril 1944, Pechkoff est envoyé comme délégué du comité français de libération nationale en République de Chine auprès de Tchang Kaï-chek et en 1946 est nommé ambassadeur de France au Japon.

En 1950, le général Pechkoff est mis à la retraite et quitte le Japon pour un retour définitif à Paris. Deux ans plus tard, le gouvernement l'élève à la dignité de grande croix de la Légion d'honneur.

Il en est très fier : « La France m'a adopté parmi ses fils, la France m'a permis de vivre utilement ma vie. La France m'a inspiré et donné ce grand bonheur, le grand honneur de Servir. Et celui qui sert la France sert en même temps tout ce qu'il y a de juste, tout ce qu'il y a de grand. »

Le retour aux affaires du général de Gaulle en mai 1958 ravit le général Pechkoff qui a toujours apprécié le chef de la France libre. En retour, le chef de l'État le charge de diverses missions diplomatiques, avant de l'envoyer en 1964 auprès de Tchang Kaï-chek, la France ayant décidé de soutenir la Chine populaire.

Zinovi Pechkoff meurt à Paris en novembre 1966. Ses cendres reposent au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Sa tombe porte l'inscription suivante : « Zinovi Pechkoff Légionnaire ».

 

SOURCES :

  1. Mikhaïl PARKHOMOVSKI, Fils de Russie, général de France, Moscou, 1989.
  2. Francis HURÉ, Portraits de Pechkoff, De Fallois, Paris, 2006
  3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Zinovi_Pechkoff

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