Courrier des lecteurs

Valentin TKATCHENKO

« Un beau jour, mon rêve se réalise »

À l’école pour aveugles, j’ai appris de ma première institutrice le nom de Louis Braille. Comme l’inventeur de l’alphabet en relief était Français j’ai pris la décision d’apprendre sa langue natale. Trois ans plus tard, j’ai débuté au Palais de création des jeunes à Saratov dans l’association « L’Arc-en-ciel » qui unie les enfants de différent âge qui veulent parler français. En cinquième, je suis entré au gymnase où l’apprentissage de la langue française est prévu par le programme. J’en étais heureux !

Ce n’est pas facile d’apprendre le français quand il y a trop peu de manuels et de dictionnaires imprimés en relief. Mais je ne perds pas courage ! Je suis prêt à surmonter toutes les difficultés. Et mes professeurs de français m’y aident beaucoup.

Des livres et des chansons me permettent de voyager à travers ce beau pays. Ma première découverte de la France a été faite avec les Contes de ma mère l’Oie de Charles Perrault quand j’étais encore très petit. Avec les années, mes voyages devenaient de plus en plus intéressants. J’ai fait connaissance avec Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. J’ai pris part à leurs nombreuses batailles contre les soldats de la garde du cardinal. Le Comte de Monte-Cristo m’a amené à Marseille où tout sent la mer et où j’ai souffert avec Edmond Dantès mis en prison.

De belles chansons françaises sont de bons guides dans mes promenades imaginaires. Avec les célèbres Sous le ciel de Paris et Les Feuilles mortes je balade dans les rues de la Ville-Lumière. Quand je chante en public, comme l’année passée au festival de la chanson française « Volgafestichant », j’invite ceux qui m’écoutent à voyager avec moi.

Avec les années mon désir de visiter la France devient de plus en plus fort. Ce serait une grande découverte – des voix, de nouvelles connaissances, des bruits et des odeurs autrefois inconnus, des kilomètres de pavé tantôt montant, tantôt descendant. Le séjour en France me permettrait de me plonger dans l’ambiance de la langue française, d’entendre l’accent pur des habitants du pays. J’admirerais les curiosités de Paris. Je monterais sur la tour Eiffel pour sentir les courants d’air frais passant à travers le ciel de Paris et puis aller rendre mes hommages au célèbre ingénieur, à son appartement-musée. J’irais à Notre-Dame pour y assister à la messe et écouter les chants monter vers les voûtes de la cathédrale. Au Louvre, dont les murs étaient témoins des nombreux événements, j’écouterais très attentivement les explications d’un guide qui sait tant de choses sur l’histoire des tableaux et des sculptures qui sont exposés dans les vastes salles du palais.

Et j’aurais la chance de me lier d’amitié avec un garçon français de mon âge qui me parlerait à la fois de lui-même et de tout ce qui nous entoure. Ce serait super !!!

Un beau jour, mon rêve se réalise, j’en suis sûr, et à présent, je fais de mon mieux pour perfectionner mon français.