Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №12/2010

Les Routes de l’Histoire

Klara LITKENS

Architecture croisée

(Suite. Voir N°11/2010)

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http://fr.wikipedia.org
Portrait de Claude Nicolas Ledoux, architecte et urbaniste français, avec sa fille vers 1782. Musée Carnavalet, Paris.

Chers collègues ! Le fichier pédagogique qui suit a été composé dans le même esprit que celui du numéro précédent de notre bimensuel.

J’ai eu le souci de terminer le texte sur l’architecture croisée qu’on a déjà commencé à lire et à travailler. L’apprentissage a confirmé qu’il présente un grand attrait pour les élèves et dont la valeur culturelle est indiscutable.

Quant à l’appareil méthodique il est à peu près le même.

D’une part on lit la suite du texte dans son unité et sa progression. D’autre part on fait sans cesse appel à l’observation et à la réflexion des élèves ce qui leur permet ainsi de mieux comprendre, de mieux sentir et de mieux goûter les fruits de la collaboration architecturale franco-russe.

De même que dans la première partie de ce fichier on prévoit une étude successive du texte.

En premier lieu c’est le survol du texte – lecture silencieuse faite par les apprenants, soit à la maison, soit en classe. L’objectif de cette première lecture est de faire distinguer les faits essentiels et de recueillir les impressions des élèves. Pour contrôler leur première approche au texte le maître doit poser quelques questions générales.

Après cela on passe à la lecture approfondie du texte, à son analyse linguistique et socio-culturelle. Ensuite vient le questionnaire détaillé qui les prépare au résumé du texte, aux exposés autonomes et à la discussion.

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La propriété de Valouevo

Enfin viennent des exercices et toute sorte de devoirs individuels qui se situent autour du contenu du texte. Les exercices placés dans cette fiche ne séparent jamais la pensée de son expression. Ils permettent aux élèves de traduire leurs observations, leurs idées et leurs sentiments dans une langue plus variée, plus souple et plus expressive.

N’oublions pas le devoir traditionnel qui est le résumé de lecture dont je n’ai pas parlé dans la première partie, mais il est obligatoire et préparé par le questionnaire détaillé. Cet exercice est excellent pour apprendre à discerner l’essentiel et exposer avec précision et fermeté. Cependant il exige un apprentissage méthodique.

Le résumé porte d’abord sur un passage assez bref, et il s’établit au cours d’un travail collectif. Par exemple le maître relit le texte lentement. Puis, en suivant le texte pas à pas avec les élèves, qui gardent le texte ouvert, le maître fait rechercher quels sont les détails indispensables à la compréhension du contenu, et il les fait relever. Cette distinction de l’essentiel et de l’accessoire, qui d’une importance capitale, doit faire l’objet des soins les plus attentifs.

Il faut dire que la part réservée au travail individuel est accrue dès que possible, et le moment vient où les élèves peuvent dégager seuls les faits vraiment essentiels et où ils peuvent rédiger seuls le résumé d’une lecture assez longue.

Et maintenant poursuivons l’étude du texte dont vous connaissez le titre et dont vous avez déjà travaillé la première moitié.

Le style français et le goût russe dans l’architecture de Moscou

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A.F. SMIRNOV, Incendie à Moscou

Pendant le règne d'Alexandre Ier, le « Siècle d'Or » de la culture russe, qui correspond aux années de jeunesse de Pouchkine, l'alliance de la mode française et du goût russe fut particulièrement étroite. C'est ainsi que l'auteur de la célèbre comédie Du malheur d'avoir trop d'esprit, Griboïedov, qualifia la langue dans laquelle parlait Moscou de « mélange de français et de nijni-novgorodien ». L'architecture exprima brillamment la coexistence* du classicisme et d'une tentative de restauration du vieil héritage national. Des églises, des chapelles*, des grilles de propriétés* et de monastères, des portes de villes furent construites dans l'esprit du Moyen Âge russe par les architectes Bakharev, Egotov, Mironovski. Juste avant le début de la guerre de 1812, on édifia non loin du Kremlin, dans la rue Nikolskaya, le bâtiment de la typographie du Synode, qui imprimait les livres religieux. La claire symétrie de l'ensemble, proche du classicisme, était dans le même temps remplie de détails d'architecture et de sculptures qui créaient une impression romantique du passé national. Ce fut la dernière construction importante à Moscou avant le grand incendie* de 1812.

En même temps que se développait le goût russe dans l'architecture de la vieille capitale de la Russie, naissait à Pétersbourg un nouvel aspect du classicisme qui a reçu dans la transcription russe l'appellation française « style Empire ». Thomas de Thomon et Adrien Zakharov, de retour dans leur patrie après avoir étudié dans l'atelier de Chalgrin, le créateur de l'Arc de Triomphe de l'Étoile, introduisirent en Russie l'esprit des projets qui étaient présentés dans les dernières années du XVIIIe et au début du XIXe siècle aux « Prix de Rome » de l'Académie française des Beaux-Arts.

L'Amirauté* de Zakharov et la Bourse* de Thomon confirmèrent* la nouvelle mode monumentale classique à Pétersbourg. Au même moment, les travaux de Ledoux commencèrent à être connus en Russie. Celui-ci dédia* dans ces termes à l'empereur Alexandre Ier son livre intitulé L'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des mœurs et de la législation : « Tous les peuples de la terre diront à l'Alexandre du Nord : vous êtes un homme, puisque vous voulez bien accueillir un système social qui contribuera au bonheur du genre humain ! »

Les œuvres du grand architecte français suscitèrent* de l'intérêt dans toute la Russie, dans les lointaines villes-salines sur la rivière Kama, où l'on imita les projets des salines de Chaux, construites par Ledoux, et à Moscou où ses idées furent utilisées par les gens les plus éclairés. Le comte Moussine-Pouchkine, celui-là même qui trouva le fameux monument de la littérature russe ancienne le Dit* du Prince Igor écrit au XIIe siècle, insista par exemple pour que les motifs architecturaux chers à Ledoux fussent utilisés lors de la construction de sa propriété de Valouevo dans les environs de Moscou.

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Karl BRIOULLOV, Architecte Constantin Thon

Si étonnant que cela puisse paraître, le goût pour le « style Empire » à Moscou atteignit son apogée* au lendemain des guerres napoléoniennes, bien que presque toute la ville eût péri dans les flammes du grand incendie de 1812. Près de 5 500 bâtiments brûlèrent. Et cinq ans après, on avait déjà construit plus de bâtiments neufs qu'il n'en avait brûlé dans l'incendie. Une nouvelle Moscou vit le jour, une ville dans le « style Empire ». Les contemporains estimaient* que la vieille capitale de la Russie était devenue particulièrement belle à cette époque où Giliardi, Grigoriev et Beauvais reconstruisaient la ville. Ce n'est pas par hasard que l'expression para­doxale de Griboïedov sur la Moscou des années 1820 devint proverbiale* : « L'incendie contribua beaucoup à l'embellir. »

Les traditions du classicisme tardif* ne disparurent pas dans la seconde moitié du siècle, mais elles s'exprimèrent surtout dans l'architecture des intérieurs d'apparat. Pendant la période où le style Empire connut son apogée, le style russe, pour un temps, recula, laissant la place aux derniers feux du classicisme. Mais bientôt, dès les années 1830, « l’architecture du choix », l'éclectisme, prit sa place. Parmi ses nombreuses manifestations, liées à un goût pour le gothique européen, pour l'exotisme de l'Orient et pour le style néo-renaissance et néo-baroque, la tentative de faire renaître l'héritage national joua à nouveau un rôle particulier.

L'orientation officielle du « goût russe » fut dominée par Constantin Thon. Elle s'exprima avec le plus d'éclat dans la cathédrale du Christ Sauveur (1832-1833), dans ses constructions dans le Kremlin, le Grand Palais et le Palais des Armures, construits de 1835 à 1849. L'empereur Nicolas Ier dit des travaux de l'architecte, le jour où ils furent inaugurés et bénis* : « Mon palais du Kremlin est une belle œuvre d'architecture, elle sera un nouvel et digne ornement de ma vieille capitale, d'autant qu'il s'insère* pleinement parmi les bâtiments qui l'entourent, qui sont sacrés pour nous, et évoquent les souvenirs des siècles passés et les grands événements de l'histoire nationale ». Il exprimait ainsi clairement l'idéologie officielle du « style russe » dans l'architecture de Moscou.

Mais il y avait une autre interprétation de l'héritage national, fondée sur l'intérêt pour la tradition vivante, et liée à l'histoire authentique de la Russie et de son architecture dans ses diverses écoles locales. Dès les années 1850, l'architecte N. V. Nikitin construisit une célèbre « réserve »* de vieux manuscrits pour l'historien Pogodin sur le Devitchié Polé (« Champ des Vierges »), non loin du monastère de Novodievitchi. Ce petit bâtiment, appelé « isba de Pogodin », fut exécuté dans l'esprit de l'habitat populaire dans le Nord de la Russie, plus particulièrement dans la province de Iaroslavl. La sculpture décorative pleine de fantaisie donne aujourd'hui encore à cette isba un caractère avenant* et gai.

De nombreux architectes moscovites suivirent cette voie. V. A. Hartman construisit dans le même esprit une isba-atelier en bois dans la propriété de S.I. Mamontov, à Abramtsevo. I. P. Ropet et ses disciples* bâtirent quelques datchas dans les environs de Moscou et décorèrent quelques hôtels dans la ville même, en utilisant des motifs de l'architecture de bois populaire. Ce style influença aussi l'architecture des grandes constructions au centre de la vieille capitale de la Russie. Dans les années 1870 et au début des années 1880, I. A. Monighetti et N. A. Chokhine donnèrent au Musée Polytechnique sur la place de la Loubianka, puis V. O. Sherwood au Musée Historique sur la place Rouge, un aspect romantique, rempli de détails décoratifs empruntés à l'ancienne architecture russe.

Les années 1890 furent un temps de nouvel essor du « goût russe ». On l'utilisa dans la construction de maisons de rapport et d'hôtels particuliers, d'églises et de bâtiments commerciaux. Ces constructions ne se distinguaient pas toujours par leurs qualités artistiques. C'est pourquoi la maison Igoumnov sur la Iakimanka occupe une place particulière dans l'histoire du « style russe ». Elle est un authentique chef-d'œuvre de l'architecture de Moscou de cette époque. Ce bâtiment de l’architecte Pozdeev exprima tout à la fois les recherches d'une image qui correspondît à l'antique architecture russe et l'aspiration à l'élégance de la tradition classique, que reflète le « style français » de nombreux intérieurs de cet hôtel.

Comme nous l'avons vu, cette alliance avait une longue préhistoire dans l'architecture de Moscou.

Fiche pédagogique

VOCABULAIRE

coexistence (f) – сосуществование

propriété (f)зд. поместье, усадьба

chapelle (f) – часовня

amirauté (f) – адмиралтейство

incendie (m) – пожар

bourse (f)зд. биржа

confirmer – подтверждать

dédier – посвятить

susciter – вызвать

estimer – зд. считать, полагать

dit (m) – сказ, слово

proverbial, -e – вошедший в поговорку

tardif, -ve – поздний, -яя

bénir – освятить

réserve (f)зд. хранилище

s’insérer – вписаться

avenant, -e – приятный, -ая

disciple (m) – последователь, ученик

 

ÉTUDE DU TEXTE

I. Questionnaire général. Survolez le texte et répondez aux questions ci-dessous.

– Par quelle époque commence le texte ? Comment s’appelle cette période de la culture russe ?

– Est-ce qu’on parle dans ce texte seulement de l’architecture de Moscou ?

– Les noms de quels personnages avez-vous saisis ?

– Nommez les bâtiments et les ensembles architecturaux de Moscou ou de Pétersbourg évoqués dans le texte.

II. Questionnaire détaillé. Lisez le texte très attentivement en consultant le vocabulaire ou le dictionnaire (si c’est nécessaire) et répondez au questions ci-dessous.

  1. Par quoi est caractérisée la culture russe du début du XIXe siècle ? Comment la nommait Griboïedov ? Citez les exemples de la cœxistence du classicisme français et de la restauration du vieil héritage national russe.
  2. Vous connaissez la rue Nikolskaya à Moscou ? Avez-vous vu l’édifice de la typographie du Synode ? Si oui, décrivez-le !
  3. Qu’est-ce que c’est que le « style Empire » ? Où est-il né ? Dites les noms des architectes russes qui ont fait leurs études en France. Comment s’appellait leur maître qui était créateur de l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris ?
  4. Quels bâtiments à Pétersbourg ont confirmé la nouvelle mode monumentale classique ? Quel architecte français a dédié son livre à l’empereur Alexandre Ier ? Comment était cette dédicace ?
  5. Qui a trouvé le monument de la littérature russe ancienne Le Dit du Prince Igor ? Comment s’appelle la propriété du comte Moussine-Pouchkine ? Où se trouve-t-elle ?
  6. À quelle époque le style Empire a-t-il atteint son apogée ? Nommez les architectes russes et français qui reconstruisaient Moscou après le grand incendie de 1812.
  7. Par quel courant dans l’architecture est caractérisée la seconde moitié du XIXe siècle en Russie ? Qui était le porte-parole du « goût russe » à ce moment ? Nommez les bâtiments construits d’après les projets de cet architecte. Que disait l’empereur Nicolas Ier du Grand Palais du Kremlin ?
  8. Qu’est-ce que c’est que « isba de Pogodine » ? Par qui et dans quel esprit a-t-elle été exécutée ? Nommez les bâtiments et leurs architectes du nouvel essor du goût russe à Moscou. Qu’est-ce qui se trouve à présent dans la Maison Igoumnov ?

III. Vocabulaire. Dites en français.

достичь апогея, «золотой век» культуры, подъём строительства, Горе от ума, поздний классицизм, Слово о полку Игореве, освятить памятник, триумфальная арка, биржа, храм Христа Спасителя, адмиралтейство, Оружейная Палата

IV. Compétence culturelle.

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http://ru.wikipedia.org
Grand Palais du Kremlin

a) Expliquez s.v.p. ce que c’est que

le style Empire, l’Arc de Triomphe de l’Étoile, l’Amirauté et la Bourse à Pétersbourg, la typographie du Synode, la propriété Valouevo, la cathédrale du Christ Sauveur, le Grand Palais du Kremlin, le Palais des Armures, la Maison Igoumnov.

b) Dites ce que vous savez des personnages qui suivent :

A.S. Griboïedov, l’empereur Alexandre Ier, l’architecte Chalgrin, le comte Moussine-Pouchkine, Giliardi, Beauvais, Constantin Thon, S.I. Mamontov.

V. Exposés. Préparez des exposés sur

a) un bâtiment ou un ensemble d’architecture russe construit avec la participation française ;

b) un architecte russe ou français qui travaillait à l’époque du nouvel essor de la collaboration franco-russe dans l’architecture.

VI. Excursion.

Imaginez que vos amis français (ou russes qui aiment le français) viennent pour la première fois à Moscou et vous voulez leur faire voir les bâtiments et les ensembles construits par les architectes russes et français. Qu’est-ce que vous allez choisir ? Dressez le plan de votre excursion et préparez d’avance tout le matériel nécessaire.

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