Mon amie la langue française
Savoir-vivre avec les Français. Que faire ? Que dire ?
(Suite. Voir N°7, 10, 13, 16, 20/2008)
Invitations
Lorsque deux personnes, à la suite de plusieurs rencontres, ont fini par sympathiser, il est normal que l’une d’elles décide de recevoir l’autre dans un cadre plus intime que le bureau ou le restaurant. Elle l’invite chez elle.
Selon l’importance que l’on accorde à la personne, on l’invitera soit à « prendre un verre » au moment de l’apéritif, soit, ce qui est mieux, à venir manger, à midi ou le soir.
Être invité, c’est déjà nouer avec les personnes d’autres rapports que ceux déjà établis dans le simple cadre des relations de travail. C’est pénétrer dans l’intimité de la vie familiale ; et si les gens ont de plus en plus tendance à se ressembler dans la rue, à la maison du moins, les coutumes qui font l’originalité d’un peuple ou d’une communauté ont tendance à se maintenir, en France comme ailleurs.
Être invité ou recevoir, c’est adopter des usages auxquels les Français sont très attachés. Il convient de les connaître.
1. L’invitation
– Vous êtes invité(e) – Cette invitation vous fait plaisir. Alors acceptez-la simplement, sans vous croire obligé(e) de vous faire prier.
– Vous invitez – Sauf décision de dernière minute, vous invitez les gens suffisamment tôt, plusieurs jours à l’avance. Vous pourrez le faire de vive voix, par téléphone ou éventuellement par écrit, s’il s’agit d’une réception plus importante.
2. L’heure d’arrivée.
– Vous êtes invité(e) – La personne qui vous a invité(e), pour dîner, par exemple, vous a fixé une heure : huit heures du soir. Si elle oublie de le faire, n’hésitez pas à le lui demander.
N’arrivez jamais avant l’heure indiquée. Les personnes qui vous ont invité(e) ne sont peut-être pas prêtes, vous les dérangeriez.
– Vous invitez – Fixez une heure qui correspond aux habitudes des Français :
- midi et demi, une heure pour le déjeuner,
- dix-huit heures, dix-huit heures trente pour une réception,
- dix-neuf heures, dix-neuf heures trente, pour l’apéritif,
- dix-neuf heures trente, vingt heures pour un dîner.
Lorsque l’on vous dit : « Venez vers sept heures et demie. » Cela veut dire « À partir de sept heures et demie. » On acceptera très bien que vous n’arriviez qu’à huit heures moins le quart.
Au-delà vous devez avoir de sérieuses raisons pour justifier votre retard.
3. L’arrivée, l’accueil.
– Vous êtes invité(e) – Si vous arrivez en retard, vous devrez vous excuser. Vous pourrez dire :
- Excusez-moi de ce retard, mais je n’ai pas pu trouver de taxi / ou bien, j’ai eu du mal à retrouver la rue...
- Je suis désolé, mais...
- Je suis confus, mais... (si vous êtes très en retard).
Vous pouvez arriver avec un bouquet de fleurs pour la maîtresse de maison. Ce sera toujours apprécié.
Vous pouvez aussi apporter une bouteille d’un bon vin ou un cadeau, un objet original par exemple.
Mais si vous êtes invité à plusieurs reprises dans la même maison, ne vous croyez pas obligé d’apporter à chaque fois un cadeau.
– Vous invitez – Si vos invités sont arrivés en retard et qu’ils se sont excusés, vous répondrez :
- Ça ne fait rien...
- Ce n’est pas grave...
- Ce n’est rien...
- Ne vous excusez pas...
- Ne vous inquiétez pas..., j’étais moi-même en retard dans mes préparatifs...
Vous les aidez à se débarrasser de leurs affaires, s’ils en ont (manteaux, paquets...).
4. Les présentations.
– Vous êtes invité(e) – Après être entré, vous saluerez la maîtresse de maison.
S’il y a d’autres invités, vous attendrez qu’on vous les présente, puis vous vous assiérez, sur l’invitation du maître ou de la maîtresse de maison.
– Vous invitez – S’il y a déjà d’autres invités chez vous, vous n’oublierez pas de leur présenter le nouvel arrivant.
Invitez immédiatement la personne qui vient d’arriver à s’asseoir. Mettez-la à l’aise en lui disant :
- Asseyez-vous donc.
- Installez-vous là.
- Vous êtes ici chez vous / Faites comme chez vous.
Si par hasard votre invité(e) vous demande de pouvoir passer un coup de téléphone, d’aller aux toilettes..., vous lui répondrez :
- Mais je vous en prie.
- Mais bien entendu...
5. On offre à boire.
– Vous êtes invité(e) – Le maître de maison va certainement vous offrir à boire avant de passer à table.
Attendez que l’on vous propose ce qu’il y a à boire avant de choisir.
On attend que tout le monde soit servi avant de boire.
C’est à ce moment que peuvent être prononcées les formules habituelles :
- À la vôtre (à la tienne).
- À la nôtre (Ces deux formules, plus familières, s’emploient surtout entre jeunes ou en famille.)
- À votre santé (à ta santé).
- À votre (ton) succès / retour, etc., si vous fêtez un événement.
6. On passe à table.
– Vous êtes invité(e) – Vous attendez que la maîtresse de maison vous dise de passer à table. C’est elle ou le maître de maison qui se chargera de vous indiquer votre place.
Il est plus poli d’attendre que tout le monde soit placé autour de la table pour s’asseoir.
Vous attendrez que tout le monde soit servi avant de vous mettre à manger.
C’est le maître de maison qui doit s’occuper de servir les boissons.
7. La fin du repas.
– Vous êtes invité(e) – Vous attendez que la maîtresse de maison donne le signal de la fin du repas en invitant les gens à passer au salon, c’est-à-dire souvent, étant donné la petitesse des appartements français modernes, à s’asseoir dans les fauteuils disposés à côté de la table.
Bien entendu, on réservera aux dames les sièges les plus confortables.
8. Fumer.
– Vous êtes invité(e) – C’est à votre hôte qu’il revient de vous offrir le premier des cigarettes.
Si vous fumez, demandez autour de vous si cela ne dérange personne.
Vous ne fumerez pas pendant le repas, c’est plus poli.
Dans tous les cas, lorsque vous sortez un paquet de cigarettes pour fumer, n’oubliez pas, avant de vous servir, d’en proposer aux personnes qui vous entourent.
9. Les invités partent.
– Vous êtes invité(e) – Ne partez pas immédiatement après la fin du repas, la dernière bouchée avalée. Mais ne restez pas non plus des heures durant chez vos hôtes.
En partant, saluez tout le monde, les dames d’abord, puis la maîtresse de maison.
Ce sera le moment de la remercier et de la complimenter pour son repas. Les Français sont très fiers de leur cuisine et de leurs vins (de manière parfois excessive, il faut bien le reconnaître). Un petit mot à ce sujet leur fera toujours plaisir.
Vous pourrez dire, en partant :
- C’était excellent !
- Merci pour ce repas qui était délicieux / excellent / très bon !
- Votre cuisine était excellente / délicieuse...
Il se peut que vous ayez à partir un peu plus tôt que prévu, plus tôt en tout cas que ne le voudraient vos hôtes. Vous direz alors :
- Je suis désolé, mais il faut absolument que je parte.
- Je regrette, mais je ne peux rester plus longtemps.
- Je resterais volontiers (avec plaisir), mais il faut que je parte.
- Cette soirée (ce repas) était très agréable, mais il va falloir que je prenne congé.
– Vous invitez. Dans ce cas-là, il faut manifester son regret de voir partir l’invité :
- Vraiment, vous voulez partir si tôt ?
- Vous ne voulez pas rester encore un moment avec nous ?
- Comme c’est dommage, vous partez déjà ?
Sans trop insister, bien entendu, car votre invité pourrait se croire tenu absolument de rester.
Dans les deux cas, on montre ainsi que l’on a eu piaisir à se rencontrer et à passer un moment ensemble. Le regret de devoir partir et le désir de retenir l’invité le montrent parfaitement. Telle est la véritable signification de ces paroles.
Toutes ces indications s’appliquent au repas traditionnel, soigneusement préparé et où l’on a soin de respecter les usages. Entre jeunes, les choses peuvent être plus simples
Invitation à un cocktail ou à une réception.
On indique normalement sur la carte d’invitation l’heure à laquelle se tiendra cette réception, de 18 h à 20 h par exemple.
– Vous pourrez venir à l’heure qui vous convient (n’arrivez cependant pas cinq minutes avant la fin !).
Saluez d’abord vos hôtes, avec lesquels vous vous entretiendrez quelques instants, puis allez saluer les autres personnes.
– Vous ne pouvez pas vous rendre à une invitation.
Il est absolument nécessaire de prévenir le plus tôt possible la personne qui vous a invité(e), c’est la moindre des politesses. Vous donnerez aussi la raison qui vous empêche de vous rendre à cette invitation.
– Vous quittez une réception.
Saluez discrètement le maître et la maîtresse de maison, c’est tout. Sinon les autres invités se croiraient dans l’obligation de partir immédiatement, alors que la soirée peut fort bien se prolonger.
– Vous vous rendez chez quelqu’un sans prévenir.
Dans certains pays, il est absolument déconseillé de se rendre chez quelqu’un sans l’avoir prévenu assez longtemps à l’avance.
En France, c’est au contraire tout à fait possible. Un conseil simplement, ne passez pas le matin, ni aux heures des repas. Et si vous pouvez, téléphonez quelque temps auparavant, cela permettra à la personne chez qui vous vous rendez de mieux vous accueillir.
Ces quelques usages sont relativement simples à respecter, mais forment ce que l’on pourrait appeler le fonds de l’hospitalité. Comme le dit P.J. Hélias : « Boire et surtout manger dans une maison, c’est le vrai baromètre de la parenté ou de l’amitié. ».
Les temps ont aujourd’hui changé, les choses vont plus vite, certains usages ont disparu, mais il reste toujours le souci d’accueillir convenablement le visiteur et chez ce visiteur le désir de ne pas trop déranger les personnes chez lesquelles il se rend. C’est cela, le savoir-vivre.
À vous !
Situation 1.
Observez cette scène. Une famille est à table, en train de manger. On sonne. Quelqu’un va ouvrir la porte. Ce sont des amis qui arrivent sans avoir prévenu.
1er cas :
Vous êtes la personne qui les accueille à la porte. Que leur dites-vous ? (Vous sentez qu’ils sont gênés, vous insistez pour qu’ils restent.)
2ème cas :
Vous êtes l’un des deux amis qui arrivent. Que dites-vous ? (Vous êtes gêné d’arriver ainsi). Imaginez l’ensemble du dialogue.
Situation 2.
Manifestement, cette personne a l’air d’apprécier ce qu’elle mange. Elle est votre invitée.
Que va-t-elle vous dire ? Qu’allez-vous lui répondre ?