Les Routes de l’Histoire
Les métiers au Moyen Âge
(Suite. Voir N°21, 22, 23/2008)
Qui dirige la ville ?
Devenu cité, Paris était dirigé par le prévôt, qui représentait le roi. C’était lui qui assumait toutes les responsabilités : il était en même temps comme commissaire de police, juge et percepteur. Il devait assurer l’ordre, juger au nom du roi et percevoir les taxes. Son lieu de résidence était la forteresse du Grand Châtelet, construite à l’entrée du Grand Pont, qui servait aussi de prison. Mais avec le temps, les corporations des représentants de différents métiers ont commencé à jouer un rôle de plus en plus important. Parmi les plus puissantes on peut nommer celle des « marchands de l’eau », qui contrôlaient la navigation et le transport des marchandises sur la Seine et ses affluents. Plus tard, le prévôt a reçu le titre de prévôt des marchands. Il était assisté de quatre marchands, appelés échevins. L’administration municipale contrôlait le marché fluvial, surveillait et entretenait les quais et les ponts, encaissait les taxes, était chargée de l’entretient et du pavage des rues et s’occupait de la sécurité de la ville.
Le guet veille
La sécurité était assurée par le guet, placé sous les ordres du chevalier du guet. Il y avait un guet royal, composé de douze sergents à cheval et de vingt sergents à pied, rétribués par le roi, et encore un guet des métiers. Ce guet, appelé guet bourgeois, montait la garde chaque nuit et se composait des membres des corporations, qui effectuaient la surveillance à tour de rôle. Malheureusement plusieurs représentants des corporations cherchaient à manquer à leurs obligations, ce qui faisait que le guet manquait d’hommes et n’était pas suffisant pour protéger la ville des bandes de brigands pendant la nuit.
Les résidences du roi et de la noblesse
Jusqu’à la fin du XIVe siècle, les rois qui séjournaient à Paris habitaient le palais fortifié de la Cité. C’était une bâtisse sombre avec un confort bien limité, car en hiver il y faisait si froid qu’on couvrait le sol avec de la paille afin d’éviter le contact des dalles glacées. Le palais se composait de plusieurs bâtiments et d’un donjon. Avec le temps, les rois ont fait agrandir leur habitation par des salles de cérémonie, des bâtiments des services administratifs, judiciaires et financiers du royaume. La partie ouest de l’île était occupée par un jardin. Plus tard, la cour royale a déménagé dans la forteresse du Louvre. Du palais royale de la cité médiévale il ne reste que quelques belles salles, les cuisines et trois tours rondes, le long de la Seine, ainsi que la tour carrée de l’Horloge. Vous pouvez les voir en visitant la Conciergerie.
À partir du XIIIe siècle, les grands seigneurs et les grands bourgeois, ainsi que les représentants du clergé sont venus s’installer à Paris pour être plus proches du roi. Ils ont fait bâtir des résidences (qu’on appelait des hôtels) autour du Louvre, au nord des Halles et dans le Marais. Parfois les hôtels étaient très vastes, avec plusieurs bâtiments indépendants séparés par des cours et des jardins. Certains d’entre eux avaient l’aspect d’une forteresse, entourée d’un mur et dotée d’un donjon.
Parmi ces hôtels luxueux, il y a deux belles résidences du Moyen Âge qui subsistent encore. C’est l’hôtel des abbés de Cluny, édifié vers la fin du XVe siècle, et l’hôtel de Sens, bâti à la même époque par l’archevêque de Sens. Au début du XVe siècle, l’hôtel des ducs de Bourgogne a été même doté d’un véritable donjon ce qui n’était pas inutile au Moyen Âge. C’est à l’hôtel de Cluny que se trouve le Musée National du Moyen Âge.
La construction de la cathédrale
Au Moyen Âge, la religion dominait la vie des hommes. Pour la plupart, les Parisiens étaient chrétiens. Il y avait plusieurs églises à Paris, mais la principale était la cathédrale dans l’île de la Cité. Vers le milieu du XIIe siècle, un nouveau style architectural a apparu, le style gothique. Les nouvelles techniques de construction ont permis d’édifier des églises plus hautes et plus vastes. En 1163, l’évêque Maurice de Sully a commencé à bâtir une nouvelle cathédrale, pour laquelle il a fait percer la rue Neuve Notre-Dame. Ce n’est qu’en 1345 que la construction de Notre-Dame a été achevée. Elle était richement ornée de vitraux et de sculptures représentant des personnages de la Bible.
C’est la fête !
Mais les rues jouaient aussi un rôle important dans la vie des Parisiens. Chaque année, il y avait la foire de Lendit, au nord de Paris, dans la plaine Saint-Denis, et toute une procession solennelle s’y rendait chaque octobre. L’évêque, les prêtres de toutes les paroisses, les moines de différents ordres religieux, le prévôt des marchands, les membres des corporations et les autres représentants de la municipalité se rendaient à la foire. Les Parisiens aimaient aussi les « entrées royales » après le sacre du roi. Tout le long de la rue Saint-Denis, des fontaines distribuaient du vin et du lait et des groupes de figurants présentaient de petits spectacles.
Il y avait aussi le carnaval de la fête « des fous », célébré le premier janvier. Les gens se livraient à toutes sortes de farces à Notre-Dame. Mais comme cette fête causait trop de désordre, l’évêque a fini par l’interdire en 1212.
On donnait chaque jour de multiples divertissements, comme des spectacles des acrobates, des jongleurs et des montreurs d’animaux. À partir du XIVe siècle, ont apparu des représentations théâtrales, à caractère religieux, les mystères, et de petites pièces amusantes, des farces.
Les rues parisiennes livraient le passage à de nombreux animaux. On y rencontrait des bœufs, des ânes, des chevaux, des moutons avec leur berger, des porcs et des oies, des chèvres et des lapins, des chiens et des canards. Ils erraient en liberté dans les rues boueuses, fouillant les tas d’ordures pour trouver de la nourriture. Ces animaux traversaient la ville en direction des marchés aux bestiaux ou des abattoirs. Mais les animaux empêchaient de circuler dans les rues étroites. Le fils aîné de Louis VI a été heurté par un cochon dans une rue de la rive droite. Le prince est tombé du cheval et en est mort. Alors, la circulation des porcs dans les rues de Paris a été interdite, à l’exception de douze cochons que l’ordre Saint-Antoine élevait pour les besoins des malades et des pauvres qu’il hébergeait. Ces porcs devaient alors porter une clochette pour se faire annoncer et reconnaître.
(d’après Pascal VAREJKA, Paris au Moyen Age)
QUESTIONS
- Comment Paris était-il dirigé ?
- Quels étaient les lieux d’habitation des riches et des nobles ?
- Quelle était la plus grande cathédrale parisienne au Moyen Âge ? Parlez-en.
- Que pouvait-on voir dans les rues de Paris ? Imaginez une promenade dans Paris. Serait-ce une affaire amusante ? Pourquoi ?
- Y avait-il beaucoup d’animaux dans les rues ? Quels problèmes cela provoquait ?
(La publication est préparée par Nadejda ROUBANIK.)