Mon amie la langue française
Igor SHTANEV
Ottawa, la capitale bilingue du Canada, et l’âme sœur de Saint-Pétersbourg
(Suite. Voir début N°2/2009)
Les édifices historiques, les monuments
et les sites touristiques les plus connus.
Les édifices du Parlement
Les édifices du Parlement sont le symbole par excellence du Canada. Flanqué des édifices de l’Est et de l’Ouest, l’édifice du Centre, remarquable par la tour de la Paix et la Bibliothèque du Parlement, est connu dans tout le pays et dans le monde entier. Malgré l’animation que les débats modernes y créent, l’écho du passé et ses personnalités peuplent encore ses salles.
Entreprise en 1859, la construction des édifices du Centre, de l’Est et de l’Ouest s’achève en 1866 (sauf la tour de la Paix et la Bibliothèque). Un an plus tard, la Confédération canadienne voit le jour. Ces édifices sont désignés siège du nouveau Dominion du Canada.
L’incendie du Parlement
Le pays n’est pas encore cinquantenaire que la tragédie frappe. Le 3 février 1916, vers 21 heures, un petit incendie prend naissance dans la salle de lecture de l’édifice du Centre. Il se transforme rapidement en un brasier ardent, fait sept victimes et ne laisse des édifices qu’une structure carbonisée. L’incendie épargne cependant la Bibliothèque et l’aile nord-ouest. Sans la présence d’esprit d’un employé qui referme à temps les portes de fer de la Bibliothèque, des milliers d’ouvrages irremplaçables auraient été perdus.
Le Parlement
Le Parlement d’aujourd’hui
Les édifices du Parlement allient, de façon remarquable, majesté et puissance. Les plafonds en voûte, les planchers de marbre et l’éclairage saisissant créent une atmosphère solennelle, les reliefs et le décor des murs de pierre conférant à l’ensemble une vivacité étonnante. Des gargouilles narquoises sourient aux visiteurs, des oiseaux et des animaux sculptés s’animent et des frises de pierre racontent des pages de notre histoire.
La tour de la Paix
La tour de la Paix commémore l’engagement du Canada à l’égard de la paix. Au troisième étage de la Tour, la Chapelle du Souvenir, paisible salle aux riches sculptures, discrètement éclairée et aménagée, rend hommage aux Canadiens qui ont donné leur vie lors des conflits armés auxquels le Canada a participé depuis la Confédération. La tour de 92,2 mètres abrite aussi un poste d’observation et un carillon de 53 cloches pesant entre 4,5 kg et 10 090 kg. Par les récitals qu’il donne régulièrement, le carillonneur du Dominion charme les visiteurs de la colline du Parlement.
La Bibliothèque du Parlement
Basilique-Cathédrale Notre-Dame d’Ottawa
C’est la plus ancienne église d’Ottawa. Les premières messes catholiques à Bytown remontent à 1827. En 1832, on construit une première chapelle de bois que se partageaient les Irlandais et les Canadiens français ; elle était placée sous le vocable de Saint-Jacques le Majeur. En 1842, une église de pierre est construite, et cette église va se métamorphoser en cathédrale. En 1853, elle est consacrée sous le vocable de Notre-Dame de l’Immaculée Conception et élevée au rang de basilique en 1879. La cathédrale Notre-Dame d’Ottawa est un monument important à la fois du point de vue historique, architectural et artistique.
La cathédrale Notre-Dame fait figure de joyau du patrimoine religieux canadien et elle est particulièrement remarquable par son sanctuaire et par son ensemble de bois sculpté grâce aux ciseaux de Philippe Hébert.
Le Musée des Beaux-Arts du Canada
Le musée est situé sur la promenade Sussex, le bâtiment de verre et de granit jouit d’une superbe vue sur le Parlement canadien et la Colline du Parlement. Il a ouvert ses portes en 1988.
Le musée abrite une collection large et variée de peintures, dessins, sculptures et photographies. Bien qu’il se concentre sur l’art canadien, il détient également des œuvres remarquables d’artistes européens. Il détient une importante collection d’œuvres d’art contemporain.
Parmi les œuvres d’art les plus connues, on peut citer :
- Maman de Louise Bourgeois,
- La Mort du Général Wolfe de Benjamin West,
- La mise au Tombeau de Peter Paul Rubens.
Le Musée des Beaux-Arts
Musée canadien de la Guerre
Le Musée canadien de la guerre est un musée, qui honore les vétérans canadiens et commémore les guerres et conflits auxquels le Canada a pris part.
Créé en 1880, il se trouvait, jusqu’en septembre 2004, sur la promenade Sussex.
Un nouvel édifice fut construit aux Plaines Lebreton et le musée ouvrit de nouveau ses portes à cet endroit en mai 2005. Le nouvel édifice, très moderne, est assez grand pour permettre au musée d’exposer une plus grande partie de ses artefacts.
L’exposition permanente s’articule autour de quatre galeries évoquant quatre périodes différentes de l’histoire militaire du Canada.
Le Musée canadien de la Guerre possède une très grande collection d’objets qui date de la période coloniale jusqu’à la guerre du golfe et les opérations de maintien de la paix. Il possède aussi l’une des plus grandes collections de véhicules militaires et d’artillerie du monde. Mais l’objet le plus célèbre appartenant au musée est sans nul doute la limousine Mercedes personnelle d’Adolf Hitler. Le musée possède également une très grande collection d’œuvres d’art reliées à la guerre.
Les coins de la Russie
Au Canada, un pays multiculturel, à fortiori dans sa capitale la civilisation russe est largement présentée par les édifices religieux et les manifestations culturelles diverses.
Église du souvenir orthodoxe russe « Protection of the Holy Virgin »
• Église du souvenir orthodoxe russe « Protection of the Holy Virgin » (1988)
Le bâtiment, sis au 99, avenue Stonehurst fut conçu par l’architecte George M. Moïseyev dans le style qui caractérise les églises du nord de la Russie. Il est surmonté des cinq coupoles traditionnelles : la principale au centre représente le Christ, les autres les quatre évangélistes. Construite grâce aux dons des communautés orthodoxes russes dispersées à travers le monde, l’église commémore le millénaire du christianisme en Russie (988-1988).
• Exposition Pouchkine à l’Université d’Ottawa
Le 27 janvier 2000 eut lieu le vernissage de l’exposition Pouchkine au pavillon Simard, marquant ainsi le début de l’exposition de dix jours comprenant livres, documents et peintures liés au poète national russe, Alexandre Sergueyevitch Pouchkine. L’exposition fut mise sur pied par le Groupe de recherche en études slaves, grâce à la coopération de l’ambassade de la Fédération de Russie au Canada afin de célébrer le bicentenaire de la naissance de Pouchkine. Lors de cette activité on a projeté un film documentaire sur la vie du poète et lu ses poèmes avec une traduction anglaise.
À la fin de mon séjour je n’ai pas pu résister d’aller voir des livres chez les bouquinistes. Parmi des livres en anglais et français je suis tombé sur quelques ouvrages en langue russe des classiques de notre littérature, notamment deux beaux volumes : La Résurrection de Léon Tolstoï et Poèmes choisis d’Alexandre Pouchkine.
En ouvrant le volume de Pouchkine sur le début du poème Le Cavalier en bronze, j’ai lu les premières strophes :
Ha бepery пустынных волн
Стоял он, дум великих полн,
И вдаль глядел. Пред ним широко
Река неслася; бедный челн
По ней стремился одиноко.
По мшистым, топким берегам
Чернели избы здесь и там,
Приют убогого чухонца;
И лес, неведомый лучам
В тумане спрятанного солнца,
Кругом шумел.
И думал он…
J’ai pensé que Pouchkine est un poète universel, qui a su dans quelques lignes géniales concentrer l’histoire de fondation de la capitale d’un grand pays : que cela soit Saint-Pétersbourg ou bien Ottawa.
Sur le chemin de retour j’ai pensé que grâce aux moyens de transport modernes les distances entre les villes sont parcourues présentement beaucoup plus rapidement, qu’au temps de la fondation d’Ottawa et de Saint-Pétersbourg, son âme sœur, qui a fêté le 300ème anniversaire en 2003. La Langue française a consacré en mai 2003 son numéro 9 au tricentenaire de la ville au bord de la Neva. J’ai cru que l’homme moderne vit actuellement à l’échelle de la planète et en tendant les deux bras il est capable d’avoir à portée de ses deux mains les deux belles capitales nordiques : Ottawa et Saint-Pétersbourg.
Dès mon retour à Québec, j’ai pris dans la bibliothèque municipale un petit volume d’Alexandre Pouchkine, Le Cavalier de Bronze traduit en français par Alexandre Dumas. J’ai lu les deux versions du poème, en pensant que même le génie d’Alexandre Dumas ne peut pas faire découvrir aux lecteurs francophones toute la beauté de la langue de Pouchkine. Seulement celui qui parle les deux langues est capable d’en sentir toutes les nuances et toute la richesse.
Jugez-en vous-mêmes.
Александр ПУШКИН
Люблю тебя, Петра творенье,
Люблю твой строгий, стройный вид,
Невы державное теченье,
Береговой её гранит,
Твоих оград узор чугунный,
Твоих задумчивых ночей
Прозрачный сумрак, блеск безлунный,
Когда я в комнате моей
Пишу, читаю без лампады,
И ясны спящие громады
Пустынных улиц, и светла
Адмиралтейская игла,
И, не пуская тьму ночную
На золотые небеса,
Одна заря сменить другую
Спешит, дав ночи полчаса.
Alexandre DUMAS
Oui je t’aime, cité, création de Pierre ;
J’aime le morne aspect de ta large rivière,
J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid.
Et tes grilles d’airain et tes quais de granit.
Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance,
C’est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que. d’une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés.
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.
Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité,
Versant aux malheureux, dans ta course nocturne,
Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair,
L’Amirauté dressant son aiguille dans l’air.
Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l’ombre semble chassée,
Et l’on voit succéder, de la main se touchant.
La pourpre de l’aurore à celle du couchant.