Mon amie la langue française
Savoir-vivre avec les Français. Que faire ? Que dire ?
(Suite. Voir N°7, 10, 13, 16, 20, 22/2008, 01, 04, 10/2009)
À l’université
Université Panthéon-Assas (Paris II)
Les études dans une université française sont divisées en 3 cycles :
– le premier cycle, 2 ans d’études, mène au DEUG, diplôme universitaire général ;
– le 2ème cycle dure aussi 2 ans : à la fin de la première année on peut obtenir sa licence et l’année suivante sa maîtrise si l’on réussit ses examens bien sûr !
– dans le 3ème cycle, on prépare en un an un DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) ou un DEA (diplôme d’études approfondies). On peut ensuite continuer pour préparer un doctorat de 3ème cycle.
Vous allez étudier dans une université française
• Sachez tout d’abord qu’un étudiant étranger désirant faire des études dans une université française doit, en règle générale, remplir un dossier de pré-inscription qu’il peut obtenir à l’ambassade ou au consulat de son pays d’origine ou directement à l’université s’il habite déjà en France.
L’année universitaire commence en octobre ou novembre et se termine en juillet. Ce dossier doit être retiré entre le 1er décembre et le 15 janvier et envoyé avant le 1er février précédant l’année universitaire. Il faut être prévoyant pour ne pas perdre une année inutilement.
• Si vous avez déjà obtenu des diplômes dans votre pays, vous devez les présenter pour que l’université décide des équivalences qu’elle peut vous accorder en France.
• Quand votre dossier est accepté, vous êtes convoqué pour passer un test linguistique dans le pays où vous avez fait votre demande, sauf si c’est un pays francophone.
Un étudiant doit avoir, comme tout étranger, une carte de séjour.
Premiers contacts
Sécher les cours
Arrivé à l’université, vous vous sentirez peut-être d’abord un peu perdu. Ne vous découragez pas, posez des questions précises pour obtenir tous les renseignements qui vous sont nécessaires et informez-vous également auprès des étudiants français.
Comme tous les étudiants du monde entier, les étudiants français ont leur argot. Voici quelques expressions souvent utilisées :
– « Tu vas à quelle fac ? » = À quelle université vas-tu ?
– « J’ai séché le cours. » = Je ne suis pas allé au cours. (« Sécher » signifie aussi ne pas savoir répondre à un examen ou à une interrogation.)
– « Il a été collé. » / « Il s’est planté. » = Il n’a pas réussi son examen.
– « Il faut vraiment bûcher. » = Il faut vraiment travailler dur.
Ils ont aussi tendance à raccourcir les mots : « biologie » devient « bio », « examen » – « exam », « préparation » – « prépa », etc. Mais le jargon des étudiants varie selon les générations et peut se démoder très vite. À vous d’écouter et de demander des explications quand vous ne comprenez pas.
Conseil
N’oubliez pas enfin qu’on se tutoie entre étudiants, mais qu’on vouvoie ses professeurs et qu’on s’adresse à eux en les appelant simplement « madame » ou « monsieur ».
Quelques termes utiles à connaître
– Une UV est une « unité de valeur ». Dans une année, l’étudiant a plusieurs UV à présenter. Certaines obligatoires, d’autres qu’on peut choisir. Par exemple, en psychologie, on peut avoir une UV de biologie, une de statistique, une de psychologie sociale, etc.
– Le contrôle continu est un système qui permet d’obtenir une UV en faisant la moyenne des notes obtenues tout le long de l’année, alors que le contrôle final est un examen que l’on passe à la fin de l’année grâce auquel on obtient ou non l’UV.
– Un TD est un « travail dirigé », c’est-à-dire un cours obligatoire avec un nombre limité d’étudiants.
– Les TP sont des « travaux pratiques » qui fonctionnent en groupes restreints comme les TD.
– La BU est la bibliothèque universitaire.
– Le Resto U est le restaurant universitaire.
Dans une entreprise
1. Vous travaillez dans une entreprise française
Chaque entreprise a son style particulier. C’est pourquoi il est difficile de donner des règles précises de comportement. En observant la manière d’agir des autres employés, chacun doit être capable de découvrir ce qu’on attend de lui.
Que faire ? Que dire ?
Premiers contacts
• Tout d’abord apprendre à se présenter en indiquant son nom et sa fonction, à serrer la main ni trop mollement, ni trop durement, à sourire sans être obséquieux ou hypocrite.
• Vouvoyez toutes les personnes que vous rencontrez : vous aurez le temps, si vos relations deviennent plus amicales, de les tutoyer plus tard. Mais il est peu probable, sauf exception, que vous tutoyiez un jour votre patron ou votre secrétaire : c’est une question de hiérarchie. Une trop grande familiarité, même si elle part d’un bon sentiment, est souvent interprétée comme un manque d’éducation. Soyez courtois et discret : ne brusquez rien.
S’intégrer dans l’entreprise
• Chaque entreprise développe sa propre culture : son langage particulier, ses rites, ses systèmes d’évaluation. C’est en vivant dans l’entreprise et en observant les autres qu’on parvient à comprendre la signification des comportements.
• Travailler dans une entreprise c’est aussi apprendre à vivre en groupe : si vos collègues ont l’habitude de faire une pause-café, ne refusez pas systématiquement de vous joindre à eux (même si vous n’aimez pas le café !). C’est l’occasion d’avoir des échanges et de nouer des liens dans une atmosphère détendue. Ne tombez pas dans l’excès inverse en voulant inviter tous vos collègues chez vous alors que vous les connaissez à peine.
De même, attendez d’être invité par votre supérieur avant de l’inviter chez vous et ne vous vexez pas s’il ne le fait jamais : peut-être ne désire-t-il pas mêler sa vie personnelle à sa vie professionnelle ou ne veut-il pas risquer de provoquer la jalousie des autres. Les invitations doivent se faire naturellement à partir d’un intérêt commun non professionnel : pratique d’un sport, sortie au cinéma, excursion, etc. Il faut éviter cependant, si vous avez des relations très amicales avec certain(e)s de vos collègues pendant vos loisirs, que cela affecte votre travail ou crée des tensions.
• Les hommes doivent rester courtois et ne pas avoir une attitude ambiguë envers leurs collègues femmes et vice-versa.
• Il est d’usage de participer aussi à des cadeaux entre collègues : naissance, mariage, départ à la retraite. On fait passer une enveloppe et chacun y met la somme qu’il désire, généralement en fonction de son salaire. Certaines entreprises organisent aussi une petite fête pour Noël où sont conviés les enfants des employés qui reçoivent des cadeaux offerts par l’entreprise. Autant d’occasions de créer des liens plus amicaux entre collègues et d’apprendre à mieux s’apprécier.
Organiser un déjeuner ou un dîner d’affaires
• Pour les déjeuners, l’heure la plus courante est 13 heures. Vous devez arriver un peu à l’avance pour pouvoir accueillir vos invités. Lorsque ceux-ci arrivent, vous faites les présentations, puis les placez selon les règles de bienséance en tenant compte aussi de votre stratégie (qui va discuter avec qui ?). Vous leur laissez tout le temps de choisir tranquillement leur menu.
• La conversation porte d’abord sur des sujets variés non professionnels : cadre du restaurant, vins, sujets d’actualité, etc. Puis c’est à vous de la diriger petit à petit avec habileté pour que soient abordées au plat principal les affaires dont vous voulez traiter. Au dessert vous devriez arriver à la conclusion, mais il n’est évidemment pas question de signer un contrat à table !
Pour cela, fixez un autre rendez-vous à une date ultérieure, à votre bureau. Demandez l’addition immédiatement après (ou même avec) le café et réglez. Au moment de quitter vos invités, rappelez-leur discrètement par quelques phrases les conclusions auxquelles vous êtes arrivés et la prochaine étape de vos négociations (autre rendez-vous ou signature de contrat).
2. Vous assistez à une réunion de travail
Il y a réunions et réunions : sachez faire la différence entre une grande réunion où vont être prises d’importantes décisions et une simple mise au point nécessaire à la bonne marche de l’entreprise : le nombre de personnes convoquées, leur fonction dans l’entreprise, « l’ordre du jour » (c’est-à-dire ce dont on va discuter), la manière d’annoncer la réunion (délai, annonce écrite ou faite oralement) sont autant d’indices qui vous permettent de juger de l’importance d’une réunion et de vous y préparer.
Que faire ? Que dire ?
• La ponctualité est de rigueur. S’il s’agit d’une réunion importante, il est même recommandé d’arriver un peu en avance : c’est l’occasion, en attendant que le supérieur arrive, de discuter avec vos collègues et d’échanger des informations.
• Une tenue vestimentaire correcte est recommandée : veste, et souvent cravate, pour les hommes, tenue classique et de bon goût pour les femmes.
• Lorsque vous entrez dans la salle de réunion, ne vous précipitez pas pour vous asseoir. Généralement la personne qui mène le débat désigne la place aux participants, sinon ceux-ci se placent spontanément près de ceux avec qui ils travaillent en étroite collaboration. Dans tous les cas, la politesse veut qu’on s’assoie après le supérieur hiérarchique qui habituellement préside en bout de table ou au centre, entouré de ses proches collaborateurs.
S’il arrive qu’il y ait des retardataires, on peut leur accorder cinq minutes de grâce qui sont l’occasion pour ceux qui sont présents de bavarder d’une manière moins formelle.
• Les Français ont parfois la réputation de poser des questions sans vraiment écouter les réponses et de se couper la parole : ne faites pas comme eux !
• Si c’est vous qui exposez un point de vue, structurez votre discours.
– Vous annoncez les différents points de votre exposé :
« Tout d’abord... »
« En premier lieu... »
« Puis... »
« Ensuite... »
« De plus... »
« Enfin... »
« Pour conclure... »
• Si vous voulez marquer la fin de votre discours, vous pouvez dire un simple « Voilà ! » pour indiquer aux autres qu’ils peuvent prendre la parole.
– Vous donnez votre avis :
« Il me semble que... »
« En ce qui me concerne, je pense que... »
« Pour ma part... »
« À mon avis... »
« À vrai dire, je crois que... »
« Si vous voulez mon point de vue... »
– Vous demandez l’avis des autres :
« Qu’en pensez-vous ? »
« Qu’en dites-vous ? »
« Et vous, Monsieur X, j’aimerais connaître votre avis sur la question. »
– Vous approuvez :
« Oui, c’est ça ! »
« Vous avez raison. »
« Je partage (tout à fait) votre point de vue. »
« Tout à fait ! »
« Parfaitement ! »
« Effectivement... »
« Je suis (totalement) de votre avis. »
« Je suis (entièrement) d’accord avec vous ! »
– Vous désapprouvez (du plus diplomatique au plus catégorique) :
« Permettez-moi d’émettre des réserves... »
« Je ne vous rejoins pas sur ce point. »
« Ce n’est pas mon point de vue. »
« Je ne suis pas (entièrement) de votre avis. »
« Je ne suis pas vraiment d’accord avec vous. »
« Je ne vous approuve pas. »
« Pas du tout ! »
« Absolument pas ! »
« Jamais de la vie ! »
« En aucun cas ! »
« Pas question ! »
– Vous demandez à votre interlocuteur de reformuler sa pensée :
« Je crois que je n’ai pas bien saisi ce que vous venez de dire... »
« Sauf erreur de ma part, vous avez bien dit que... ? »
« Qu’entendez-vous par... ? »
« Que voulez-vous dire par... ? »
– Sachez interrompre poliment un interlocuteur trop bavard :
« Excusez-moi mais je dois vous dire que... »
« Permettez-moi de vous interrompre quelques instants, mais... »
« Si je puis me permettre, j’ai deux mots à dire à ce sujet... »
« Vous permettez ?... » (peut être aussi utilisé pour garder la parole quand quelqu’un ne vous laisse pas parler et vous interrompt sans cesse.)
– Vous passez à un autre sujet :
« Ceci dit... »
« Bref, passons... »
« Bon, à part cela,... »
Une fois la réunion finie, les apartés commencent ; ils sont le prolongement des discussions et se révèlent être parfois très intéressants : par exemple si le PDG (président directeur général) vous parle en particulier, soyez très attentif à cette marque d’attention qu’il vous porte.
(d’après Odile GRAND-CLÉMENT,
Savoir-vivre avec les Français)