L’arc-en-ciel
Jacqueline BARCELLS
Léo contre Léa
Adaptée par Gui Jimenes
Chapitre 5
Le bal tragique
Le soir venu, Léa est sortie dans le parc avec son cahier magique. La forteresse de son frère l’avait rendue tellement jalouse qu’elle n’avait rien pu écrire de la journée. Mais la forteresse était sur le point de disparaître, à présent. Léa s’est installée sur un banc pour raconter l’histoire d’un bal merveilleux...
Comme la première fois, la feuille s’est changée en fumée, et la salle de bal a apparu au milieu du parc. La salle paraissait transparente : elle était pleine de miroirs et illuminée par des lustres en cristal ! Habillés de costumes de velours rouges, cent violonistes jouaient une valse étourdissante et les danseurs tournaient en cadence.
Jamais on n’avait entendu une musique aussi belle ! Le roi, la reine et tous les courtisans se sont approchés. Les gardes, les dames d’honneur, les écuyers, les pages et même les cuisiniers du palais les ont rejoints, et la salle de bal semblait s’agrandir à mesure que les gens y entraient ! Car Léa n’avait pas oublié de parler des portes, cette fois-ci !
Au même moment, le roi Malandre envahissait le royaume. Il a été d’abord étonné de ne plus voir la grande forteresse au sommet de la montagne. Il a été plus surpris encore, quand il a trouvé le palais du roi vide et sans garde : tout le monde était occupé à danser et à boire du champagne ! Malandre est entré dans une colère noire :
– Ah ! c’est comme ça ! On fait la fête sans m’inviter ? Ma vengeance sera terrible...
Il a lancé ses troupes sur les danseurs et, en un clin d’œil, tous les invités ont été faits prisonniers.
Chapitre 6
Au fond du cachot
Le roi, la reine, Léa et Léo avaient été jetés dans le plus sombre des cachots ! Ils grelottaient de froid dans leurs habits de fête. Le roi avait été blessé à la jambe lors de sa capture. Il était furieux contre ses enfants :
– Tout est de votre faute. Vous et vos maudits cahiers magiques !
– C’est à cause de lui, avec sa forteresse, a répondu Léa. Jamais Malandre ne nous aurait envahis si mon imbécile de frère ne s’était pas pris pour un général en chef !
– Et toi, idiote. Voilà où tu nous as conduits, avec tes violons et tes valses à la noix.
– Ça suffit ! a crié le roi. De toute façon, tout est fini. Et je vous interdis de toucher à vos cahiers. Compris ? Aïe, ma jambe !
La reine s’est servi d’un de ses cinq jupons de bal pour panser la blessure de son mari. Elle pleurait et elle se lamentait sans fin :
– Si vous aviez écouté les fées... Si seulement vous n’étiez pas toujours en train de vous disputer !
Pendant des jours, Malandre ne leur a donné que de l’eau et du pain dur. Le roi a commencé à avoir de la fièvre. Et sans son cinquième jupon, la reine s’était enrhumée.
Les jumeaux avaient faim et froid. Malgré l’interdiction de leur père, ils ont décidé d’utiliser la troisième feuille de leur cahier. Mais, pas plus que les fois précédentes, ils n’ont pensé aux recommandations de leurs marraines. Léo a représenté une montagne de cuisses de poulet, de bananes et de gâteaux ainsi qu’un plateau chargé de verres de lait. De son côté, Léa s’est dépêché de décrire un grand feu et des couvertures bien épaisses...
Les feuilles de cahier se sont changées en fumée et aussitôt la nourriture, le feu et les couvertures ont apparu. La reine a cessé de renifler, le roi a retrouvé un peu de force, et les jumeaux tout heureux ont pu manger et se réchauffer.
Hélas, comme les jumeaux ne s’étaient pas mis d’accord, le charme s’est rompu dès la tombée de la nuit : adieu bananes et gâteaux, adieu bon feu et couvertures... Tout cela n’avait servi à rien. Le froid glacial leur gelait les os, et leurs estomacs criaient famine encore plus qu’avant.
Comme toujours, chacun des jumeaux rejetait la faute sur l’autre. Le roi n’a eu même pas la force de se fâcher : la fièvre le terrassait.
– Mon Dieu ! sanglotait la reine. Votre père se meurt, et vous êtes encore à vous disputer !
Pour la première fois, les jumeaux ont eu vraiment peur. Léa a soupiré :
– Il faut qu’on se mette d’accord, sinon...
– J’ai une idée ! a dit Léo. Je vais dessiner une armée amie et, toi, tu vas raconter comment cette armée va entrer dans le palais pour chasser Malandre, et nous libérer...
– Mais attention, a répondu Léa. C’est notre avant-dernière feuille, il ne faut pas la gâcher !
VOCABULAIRE
jaloux, -se – завистливый, -ая, ревнивый, -ая
être sur le point de–быть готовым
transparent, -е – прозрачный, -ая
en cadence – ритмично, в такт
courtisan (m) – придворный
la salle de bal semblait s'agrandir à mesure que les gens y entraient – бальный зал, казалось, увеличивался по мере того, как в него входили люди
vengeance (f) – месть, наказание
en un clin d’œil – в один миг, в мгновение ока
cachot (m) – карцер, тюрьма, темница
grelotter – дрожать (от холода)
à la noix – дурацкий, ерундовый
panser la blessure – перевязать рану
se lamenter – горевать, сетовать, жаловаться, причитать
interdiction (f) – запрет, запрещение
cuisse (m) de poulet – куриная ножка
renifler – шмыгать носом
crier famine – жаловаться на голод
rejeter la faute sur l'autre – перекладывать вину на другого
terrasser – сразить, лишить сил
QUESTIONS
- Pourquoi Léa n’a pu rien écrire de la journée ? Et vous, êtes-vous souvent jaloux de quelqu’un ? Est-ce un bon sentiment ?
- Léa, qu’est-ce qu’elle a raconté dans son cahier magique ? Comment était sa salle de balle ? Décrivez-la ! Voudriez-vous assister au bal ?
- Malandre, pourquoi est-il entré dans une colère noire ? Qu’a-t-il fait avec tous les invités ? Et avec le roi et sa famille ?
- Le roi, pourquoi a-t-il interdit à ses enfants de toucher à leurs cahiers ? Avait-il raison ?
- Les jumeaux, comment ont-ils utilisé la troisième feuille de leurs cahiers ? Ont-ils pensé aux recommandations de leurs marraines ? Qu’est-ce qu’ils ont réussi à faire ? Pourquoi tout cela n’a servi à rien ?
- Pourquoi les jumeaux ont-ils eu peur ? Qu’est-ce qu’ils ont décidé de faire ? Qu’en pensez-vous, est-ce qu’ils réussiront ?
(La publication est préparée par Maria RIVES.)