Le tourisme culturel

Le tourisme contemporain repose largement sur la visite des monuments historiques, des sites protégés, des édifices religieux et civils, des espaces urbains et industriels. Au touriste désireux de prendre connaissance avec le patrimoine culturel d’un pays, plusieurs possibilités sont ouvertes.

(Suite. Voir N°14, 16, 20, 21/2008)

Les composants d’un patrimoine

On appelle monument historique un édifice « dont la conservation présente, du point de vue de l’histoire ou de l’art un intérêt public », comme un château ou une église, ou bien un objet dont la conservation présente aussi un intérêt public, d’ordre historique, esthétique, scientifique ou technique, comme une statue, une tapisserie, un meuble, une automobile, une locomotive. Cette notion de monument historique a connu un élargissement. Au sens primaire du terme, les monuments historiques sont commémoratifs comme un arc de triomphe ou un monument aux morts. Dans une acception plus large et symbolique, le monument historique intéresse en raison de l’histoire qu’il cristallise, mais aussi de sa valeur esthétique et de sa charge émotive. Le XX^e siècle étend la notion à l’architecture rurale ou industrielle.

Un site est un paysage, naturel, rural ou urbain, considéré comme précieux pour le patrimoine national. C’est donc aussi bien un village qu’une vallée, un lac qu’un parc aménagé, les quais de Paris que les fontaines de Peterhof. Son intérêt peut être esthétique, historique, culturel, scientifique. Ainsi le Mont-Saint-Michel surprend à la fois par sa situation géographique (îlot granitique, bancs de sable, amplitude des marées), sa beauté, son architecture rare, son histoire (l’abbaye et les pèlerinages).

Le patrimoine français comprend aujourd’hui :

les sites préhistoriques et historiques (p.ex., grotte de Lascaux, théâtre romain d’Orange) ;
les édifices religieux (chapelles, églises, cathédrales, abbayes, croix, calvaires – leur intérêt est en même temps historique, culturel et artistique) ;
les châteaux et les manoirs avec les éléments d’architecture militaire comme les tours ou les remparts de villes ;
les édifices civils : des hôtels ou des immeubles urbains, des ponts et aqueducs et, de plus en plus, des objets des cultures rurales et industrielles (moulins à vent du Nord, maisons rurales traditionnelles, automobiles etc.) ;
les musées dont la quantité de 2 000, publics ou privés, classe le pays au 4^ème rang mondial.

Les types de musées

Les conceptions muséographiques ont bien évolué au XX^e siècle : au début les musées ressemblaient à des conservatoires académiques, mais depuis 1970, un grand mouvement universel de rénovation a conduit à l’aménagement et à la construction de musées très nouveaux par leurs aspects didactiques, la valorisation de leurs objets, la hardiesse architecturale. Les nouveaux musées sont des espaces ouverts et dynamiques où les œuvres doivent « respirer » sous une lumière naturelle, où un public très large (écoliers, étudiants, grand public) doit pouvoir s’informer et se cultiver grâce à la mise en valeur des œuvres et à la qualité de l’information (panneaux explicatifs, dépliants, visites guidées, bibliothèques spécialisées, librairies, salles de projection et de conférences). Des services d’accueil et de restauration (cafés, self-services, restaurants), des animations diverses et de grandes expositions temporaires contribuent à ce renouveau.

Ce sont, d’une part, les restructurations, souvent associées à de possibles extensions (p.ex., le Louvre, Beaubourg, la Galerie Tretiakov) ; d’autre part, les créations des musées dans les bâtiments réhabilités, souvent classés monuments historiques (Musée d’Orsay occupant l’ancienne gare, Musée de l’Air et de l’Espace dans les halls de l’ancienne aérogare du Bourget). Ce sont enfin des créations toutes neuves – ces nouveaux musées qui, pour la plupart, se consacrent à l’art moderne, bénéficient des conceptions architecturales actuelles : les matériaux de base sont le béton, la brique, le verre des grandes façades transparentes, la céramique. Un soin particulier est apporté aux liaisons extérieur-intérieur qui ouvrent le musée à la vie : baie et vitrage permettent de voir les gazons, les jardins des sculptures et les plans d’eau. C’est le cas du Musée d’art moderne à Villeneuve-d’Ascq, près de Lille, ou du Musée d’art contemporain à Barcelone.

Ces derniers temps, on assiste à l’épanouissement de la formule d’écomusée ; il s’agit d’un nouveau type de musée qui réunit un biotope (p.ex., un marais, un bois), un site (gisement de silex, grotte), des reconstitutions (habitats, techniques) et aussi des salles d’expositions. Les écomusées révèlent le patrimoine culturel d’une région, ils assument une triple fonction de recherche, de conservation et de valorisation d’éléments naturels et d’objets culturels typiques d’un milieu et d’une société, ils permettent de montrer les outils et les activités agricoles, artisanales, industrielles dans leur milieu originel. Le miroir culturel que présente un écomusée est utile à la population locale qui y retrouve son identité, aux enfants qui sont nombreux à fréquenter les lieux avec leurs enseignants et aux adeptes d’un tourisme culturel.

Les grandes expositions, surtout les expositions artistiques organisées dans les musées et les salles d’expositions, attirent toujours un large public touristique.

Le tourisme historique

Le tourisme historique s’intéresse davantage à l’événementiel, aux grands moments de l’histoire, dont témoignent des sites, des monuments et des musées. On distingue les espaces découverts, tels d’anciens lieux de batailles (Alésia, lieu de la défaite de Vercingétorix, ou Borodino, celui de la défaite de Napoléon), les bâtiments témoins (des plus pompeux, comme l’Arc de Triomphe, aux modestes, rendant hommage avec ferveur à un grand homme, comme le musée appartement de Pouchkine à Torjok, ou à un événement, comme le mur du Père-Lachaise) et les monuments commémoratifs, par exemple, le mémorial du Débarquement à Caen.

Dans ses aspects les plus dynamiques, le tourisme culturel est celui des festivals, des manifestations artistiques et des expressions diverses des cultures régionales. Un festival est un ensemble de manifestations artistiques, en général relatives à un thème ou à un art (le folklore international, la musique, le théâtre, le cinéma etc.) ; le festivals sont périodiques – annuels ou bisannuels. Le succès d’un festival dépend du prestige de l’affiche (grands acteurs, musiciens de choix, spectacles de haut niveau), des lieux et de la saison, l’été de préférence. Inspirés de la tradition des illuminations et des feux d’artifices, les spectacles son et lumière associent des éclairages et un commentaire, ils font intervenir des personnages et des figurants ; il peut s’agir de commémorations et de rites (la fête nationale du 14 juillet en France, la nuit de Ivan Koupala en Russie et en Ukraine) ou de festivités liées aux travaux champêtres (fêtes du vin, de la bière, du houblon).

Le tourisme gastronomique

Beaucoup de touristes, en camping, en caravanage ou en résidence de tourisme, profitent de leur séjour et de leurs arrêts pour acheter des vins et des produits souvent labellisés, représentatifs de la gastronomie locale, notamment des fruits, des légumes, des charcuteries ou des fromages, des pâtisseries et des confiseries. À chaque terroir (climat, sol, variété végétale ou animale, savoir-faire) correspondent des produits uniques qui font l’objet d’appellations.

Le tourisme religieux

À l’époque moderne, le tourisme religieux côtoie le tourisme culturel ou le tourisme vert, car non seulement il met l’accent sur les valeurs spirituelles (rencontres d’autrui, des autres cultures, de soi-même), mais aussi il permet de prendre connaissance avec le patrimoine national (basiliques, reliques, statues) et de jouir des ressources naturelles du pays (grottes, collines, forêts, rivages). Les parcours du pèlerin, avant tout religieux et axés sur la visite des lieux saints et les prières, sont aussi largement touristiques : ils peuvent s’accompagner d’achat d’objets pieux ou de produits du pays, de visites culturelles, d’excursion ou encore de tourisme gastronomique.

(d’après C. PEYROUTET, Le tourisme en France, éd. Nathan, 2005)

Photos : L. KISSELEVA

QUESTIONS ET DEVOIRS

1. Qu’est-ce qu’un monument historique; un site; un écomusée; un festival?

2. Parlez de l’évolution des conceptions muséographiques.

3. Que savez-vous du patrimoine culturel russe? Comparez-le à celui de France.

4. Quels objets culturels représentent l’intérêt pour un adepte du tourisme historique ? pour un pèlerin ?

5. En visite dans un pays étranger, prêtez-vous l’attention à la gastronomie locale ?

6. Étudiez le texte ci-dessous et dites quel(s) musée(s) de Paris vous aimeriez surtout visiter et pourquoi :

Les musées de Paris attirent des flux considérables de touristes français et étrangers. Ainsi, le Louvre agrandi accueille plus de 7 millions de visiteurs par an, la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette en reçoit 6 millions, le musée d’Orsay 2 millions et demi. La plupart sont spécialisées, du Muséum d’histoire naturelle au Musée de l’Affiche et de la Publicité. Depuis une vingtaine d’années, de nouveaux musées, de conception très nouvelle, ont vu le jour : le Centre Georges-Pompidou, le Musée Picasso, le Musée des Arts africains et océaniens…

7. Les principaux musées parisiens peuvent être classés de façon suivante :

• Beaux-arts :

– le Louvre doit son origine aux collections de François Ier (dont la Joconde) et de Louis XIV. Il renferme 7 départements, d’une remarquable richesse.

– le Musée du Petit-Palais abrite des collections d’art antique et médiéval, des collections de peintures des XVIII^e, XIX^e et XX^e siècles.

– le Musée d’art moderne du centre Pompidou présente de riches collections sur l’art depuis le début du siècle.

– le Musée d’art moderne de la Ville de Paris expose des œuvres contemporaines.

– le Musée Picasso abrite la plus importante collection du peintre.

– le Musée de Cluny offre une visite des ruines des thermes romains et les 24 salles du musée, installées dans un hôtel du XV^e siècle, sont dévolues à l’art médiéval dans toutes ses composantes. L’œuvre majeure est la tapisserie de la Dame à la licorne.

• Sciences, industrie, techniques :

– le Palais de la Découverte présente une vulgarisation intelligente des connaissances scientifiques (schémas, films, démonstrations). Le Planétarium initie à la connaissance du système solaire et de l’espace.

– le Musée des Arts décoratifs renferme les collections riches et variées et organise des expositions.

– le Musée national des Techniques : dans le cadre du Conservatoire national des arts et métiers, il offre une rétrospective de l’histoire des techniques : moyens de locomotion, agriculture, horlogerie, automates, énergies, verres et cristaux, radio.

– la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette présente le bilan des sciences et des technologies modernes.

• Autres musées :

– le Musée de l’Homme réunit de remarquables collections d’anthropologie et d’ethnographie. Il abrite des salles de documentation et une photothèque.

– le Musée national des Arts et Traditions populaires, ouvert en 1969, allie la présentation des collections à la recherche.

– le Muséum d’histoire naturelle compte parme les plus riches du monde. »

8. Faites le thème :

За последние десятилетия само понятие культурного достояния расширилось и включает теперь целый комплекс ценностей, которыми ранее пренебрегали: народное искусство и традиции, городская архитектура конца XIX и XX веков, промышленная культура, другими словами, все то, что связано с человеческой деятельностью и что не должно быть забыто, причем сюда относятся и характерные сельские ландшафты. Стремление сохранить память о жизни и быте регионов и отдельных мест охватило всю Францию. Так были созданы Камаргский музей между Провансом и Лангедоком, Музей Дофине в Альпах и целый ряд экологических музеев, открытых в большинстве регионов.

По инициативе писателя и государственного деятеля Франции Андре Мальро (André Malraux) за 25 лет были созданы или обновлены около 80 музеев как в Париже, так и в провинции. Следует упомянуть Музей изобразительных искусств в Лионе, который целиком занимает Дворец Сен-Пьер – старинное аббатство XVII века. Открытый для посещения в апреле 1998 года после девятилетних реставрационных работ, этот музей является в настоящее время самым крупным и богатым во Франции после Лувра: на площади в 15 тыс.кв.м так экспонируются 6300 произведений.

Всего во Франции имеется 34 национальных музея, из них 19 за пределами Парижа, и около 900 музеев под контролем Министерства культуры, чаще всего находящихся в ведении местных органов власти. Раз в год повсюду, где есть памятники старины и искусства раскрываются двери перед посетителями, которые могут бесплатно побывать в 8300 зданиях, являющихся национальным достоянием. Этот же принцип лег в основу кампании «Посетите один из садов Франции», задуманной для того, чтобы каждую весну люди могли приобщиться к этой еще малоизвестной грани французского культурного достояния.

(à suivre)