Mon amie la langue française
Savoir-vivre avec les Français. Que faire ? Que dire ?
(Suite. Voir N°7, 10, 13, 16, 20, 22/2008, 01, 04, 10, 13, 15/2009)
Dans les magasins
1. À la boulangerie
Comment parler de la vie en France sans évoquer le pain, aliment de base qui accompagne chaque repas ? Qu'on songe aussi à la caricature du Français, un béret sur la tête et la fameuse baguette sous le bras. Certes, les bérets ont disparu (pas complètement) et la consommation de pain a considérablement baissé ces dernières décennies. Cependant les Français restent attachés à leur pain quotidien même si ce n'est pas toujours la baguette.
Le pain accompagne chaque repas : dès le petit déjeuner il apparaît sous la forme de « tartines », tranches de pain sur lesquelles on étale, selon son goût, du beurre, de la confiture, du miel. Au déjeuner et au dîner, on s'en sert pour « pousser » discrètement les aliments de la main gauche. Piqué au bout d'une fourchette ce même petit morceau de pain (ou un autre !) permet aussi de « saucer », c'est-à-dire d'absorber la sauce dans son assiette pour y goûter... bien que cette habitude largement pratiquée par les Français soit réprouvée par beaucoup de manuels de savoir-vivre ! Aucune contestation par contre pour affirmer que le pain accompagne toujours le fromage.
Que faire ? Que dire ?
Quand vous ne connaissez pas le nom des pains, ne vous contentez pas de pointer le doigt vers celui que vous désirez. Apprenez leur nom, soit tout simplement en faisant l’effort de le lire s'il est affiché, soit en écoutant les autres clients passer leur commande. Vous découvrirez alors que les Français précisent souvent le degré de cuisson : « Une baguette bien blanche » ou « pas trop cuite », « bien cuite » ou même « bien noire ».
La longueur, l'épaisseur, la forme ont aussi leur importance : « Une baguette bien levée » (épaisse), « bien longue », « bien pointue », « moulée », etc. Bref, devenez un connaisseur et n'hésitez pas à essayer les différentes boulangeries de votre quartier : la qualité et le goût du pain peut varier considérablement d'une boulangerie à l'autre. À vous de trouver celle qui vous convient.
Histoires de pains
Le mot « boulanger » vient du terme picard « boukn » signifiant fabricant de boules.
La « boule » campagnarde existe toujours, mais au fil des siècles d'autres formes sont apparues : de la « ficelle » à la « flûte », en passant par la célèbre « baguette », le pain s'est allongé, affiné et a été baptisé de noms évocateurs : le « bâtard » est-il, comme on peut le supposer, l'enfant naturel d'une baguette et d'un gros pain et la « couronne » un lointain souvenir de la royauté ? La composition de la farine s'est également diversifiée : à la traditionnelle farine de blé se sont ajoutées des farines de froment, de seigle, de son et d'autres céréales. Les Français, normalement fidèles au pain blanc, goûtent maintenant au pain complet. Le pain noir, autrefois méprisé, commence à être apprécié pour ses vertus diététiques. Enfin, les boulangers ont fait preuve de créativité en ajoutant aux pains noix, olives, poivrons, etc., chaque région de France ayant ses spécialités et ses appellations particulières, pittoresques et chargées d'histoire.
2. À la crémerie
Grands amateurs et producteurs de fromages et grands consommateurs de yaourts, les Français « mangent » plus de lait qu'ils n'en boivent. Il existe plus de 400 variétés de fromages en France ! Le fromage au repas précède le dessert ou peut même le remplacer. Quand on invite, on présente généralement un plateau de fromages avec au minimum trois différents fromages pour que l'invité ait un choix.
Vous serez sans doute choqué(e) de voir les Français au supermarché, au rayon de la crémerie, ouvrir très naturellement les boîtes de camembert et appuyer légèrement avec le pouce sur les fromages – heureusement toujours protégés par leur emballage ! C'est la seule manière de choisir un fromage à pâte molle : en effet, si le fromage est trop dur, cela signifie qu'il n'a pas atteint son bon degré de maturation. Il va être « plâtreux ». S'il est trop mou, il va être « trop fait ». Il faut qu'il soit souple au toucher pour être « à point », « à cœur » et seule la pratique vous permettra d'apprendre à choisir un camembert, un brie ou un Munster.
Initiation à la gastronomie
Pour aller à la découverte de la gastronomie française, préférez le rayon de la crémerie à celui des fromages pré-emballés... ou, mieux encore, achetez votre fromage chez un crémier ou sur le marché. Là, vous pourrez dialoguer et apprendre l'origine de chaque fromage. S'il est fabriqué à partir de lait de vache, de chèvre ou de brebis, s'il est cru ou cuit, pasteurisé ou non, « frais », « demi-sec » ou « sec » – autant de facteurs qui donneront au fromage sa spécificité et son goût inimitable.
Commencez par les fromages « doux » pour progressivement vous aventurer dans les fromages plus « forts ».
Acheter un fromage
Pour les fromages « à la coupe », c'est-à-dire ceux que le crémier va couper pour vous, on peut indiquer le nombre de grammes, mais il est plus fréquent de dire :
« Je voudrais un morceau de... [nom du fromage] »
ou plus précisément, suivant la forme du fromage :
« Une portion de Saint-Nectaire s'il vous plaît. »
« Il me faut une tranche de roquefort. »
« Je vais prendre un demi vacherin. » ou encore
« Je voudrais du comté, de l'emmenthal, de la tomme de Savoie » (attention à mémoriser si c'est un fromage masculin ou féminin !) sans préciser la quantité.
Le crémier placera automatiquement son couteau pour couper le morceau en disant « Comme ça ? ». Vous pouvez alors répondre, suivant la quantité que vous désirez :
« Oui, comme ça ! » ou « Un peu plus » ou « Un peu moins »...
Et inévitablement, comme dans tous les magasins d'alimentation, le vendeur vous demandera « Et avec ceci ? » ou « Et avec cela ? », à quoi vous répondrez : « C'est tout ! » si vous ne voulez plus rien acheter ou « Je vais prendre aussi... ».
Bons achats et bon appétit !
Autres produits laitiers
C'est aussi à la crémerie que vous pouvez acheter du lait et des œufs très frais, des yaourts, du « beurre en motte » (beurre qu'on vous découpe avec le fil à couper le beurre) et de la crème bien sûr !
3. Dans une boutique de vêtements
L'attitude des vendeuses dans les magasins de vêtements est très variable suivant le style ou le standing du magasin : parfois on laisse le client choisir lui-même... et dans les grands magasins il est même quelquefois difficile de trouver une vendeuse ! Par contre, dans une petite boutique, le personnel peut se montrer trop empressé.
Au moment des « soldes », quand les articles sont vendus à prix réduits, les vendeuses s'effacent devant la foule avide des clients qui fouillent sans hésiter, et sans respecter parfois les règles élémentaires de politesse, pour trouver « les bonnes affaires ». Beaucoup de magasins d'ailleurs exploitent cet attrait pour les prix réduits en proposant tout le long de l'année des « promotions », « prix sacrifiés » ou « articles démarqués » ou « dégriffés » – la marque ou la « griffe » étant l'étiquette de grands couturiers ou de stylistes connus. Gardez la tête froide car il n'est généralement pas possible de rendre ou d'échanger un article une fois qu'il est acheté en solde alors qu'habituellement on peut le faire, dans des délais raisonnables, en apportant le ticket de caisse.
Sachez aussi qu'en France les prix sont « nets », c'est-à-dire que la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) est comprise. Vous n'avez pas de taxe supplémentaire à payer.
Que faire ? Que dire ?
Vous entrez dans la boutique :
La vendeuse vous demande :
« Je peux vous aider ? »
Autres formules utilisées :
« Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
« Que puis-je pour votre service ? »
« Est-ce que vous voulez voir quelque chose ? »
« Vous cherchez quelque chose ? »
« Je peux vous conseiller ? »
« Vous voulez essayer quelque chose ? »
Si vous désirez simplement regarder, dites-lui :
« Je regarde (simplement). »
« Je jette juste un coup d'œil. »
Vous avez une idée assez précise sur ce que vous cherchez :
Décrivez l'article :
« Je voudrais voir le chemisier blanc que vous avez dans la vitrine. »
« Je cherche une robe habillée pour un cocktail. »
« Est-ce que vous auriez ce modèle dans une autre couleur ? »
« Vous n'auriez pas un pull comme celui-ci mais à manches courtes ? »
« Est-ce que vous avez ce modèle dans ma taille ? »
Dans tous ces cas, la vendeuse va vous répondre par une autre question essentielle à laquelle vous devez être préparé (e) :
« Quelle taille faites-vous ? »
« Je fais du... [numéro de la taille] ». Rappelez-vous que la taille varie selon les pays.
Notez que dans un magasin de chaussures on vous dira : « Quelle pointure faites-vous ? »
Vous vous renseignez sur le prix :
« Combien coûte ce pull ? »
« Quel est le prix de la jupe droite dans la vitrine ? »
Vous essayez le vêtement :
Dans un grand magasin, demandez :
« Où est la cabine / le salon d'essayage s'il vous plaît ? »
et n'emportez pas plus de trois ou quatre modèles. Dans une boutique, c'est la vendeuse qui vous propose d'essayer et vous apporte différents modèles ou différentes tailles.
Conseil
Même si c'est son travail de ranger les vêtements que vous avez essayés, par correction, ne lui rendez pas la tâche trop difficile en abandonnant tous les vêtements dans un désordre indescriptible !
Vous aimez le modèle mais il est trop petit :
« Ça me serre un peu. »
« Je voudrais essayer la taille au-dessus. »
ou trop grand :
« Vous n 'auriez pas la taille en-dessous ? »
La vendeuse peut aussi vous proposer de « faire des retouches » (en payant éventuellement un supplément) c'est-à-dire de faire des modifications : le « raccourcir » (faire plus court), le « rallonger » (plus long), ou « élargir » (plus large) ou le « rétrécir » (plus étroit).
Vous ne voulez pas acheter le(s) modèle(s) que vous avez essayé(s) :
Vous pouvez dire :
« Je vais réfléchir... »
« Je ne me suis pas décidé(e)... »
« J'hésite encore... Je vais voir. »
« C'est très joli, mais je trouve que ça ne me va pas. »
« Ce n'est pas exactement ce que je cherchais. »
Ou d'une manière plus catégorique :
« Non, finalement, je ne le prends pas, merci. »
Vous avez choisi un article et vous voulez payer :
« Je vous dois combien ? »
« Ça fait combien ? »
Si on vous demande : « Vous réglez comment ? », répondez : « En espèces » (argent liquide) ou « Par chèque » ou « Avec une carte de crédit ».
Pouvez-vous marchander ?
Dans une boutique ou un magasin, non.
Si l’article a un défaut, c’est quelquefois possible.
Chez un brocanteur ou un antiquaire ? Certainement !
La phrase magique est : « Vous me faites un prix ? »
Bonne chance !
4. Dans une maison de la presse
Dans une maison de la presse vous pouvez acheter des journaux et des magazines bien sûr, mais également des cartes postales, des articles de papeterie, des livres. Les kiosques, eux, ne vendent que la presse écrite.
Ces dernières années on a pu observer une baisse importante du nombre de lecteurs des quotidiens en France et, de ce fait, la disparition de nombreux journaux... et l'augmentation du prix de ceux-ci.
Pour « être à la page », c'est-à-dire pour être informés de l'actualité, les Français regardent plus la télévision qu'ils ne lisent les journaux. Nombreux sont ceux qui dînent en regardant le « journal télévisé ». En revanche, le nombre de magazines a proliféré : il existe un nombre incroyable de revues spécialisées qui peuvent aller des magazines pour les golfeurs à ceux destinés aux mélomanes.
Que faire ? Que dire ?
Pour acheter un journal ou un magazine, rien de plus facile.
Vous allez à un kiosque ou dans une maison de la presse et demandez :
« Je voudrais Le Monde, s'il vous plaît. »
« Vous avez Libération ? »
« Est-ce que vous avez reçu Fluide Glacial de ce mois ? »
« Qu'est-ce que vous avez comme magazine(s) sur l'équitation ? »
Essayez de lire différents journaux et magazines pour découvrir par vous-même leur tendance politique et leur style particulier.
Si vous vous abonnez à un journal, sachez que vous le recevrez, sauf dans certaines grandes villes, en même temps que le reste de votre courrier car il existe rarement de distribution spéciale, tôt le matin, comme cela se fait couramment dans d'autres pays.
Quelques termes à connaître
– Un quotidien paraît tous les jours.
– Un hebdomadaire, toutes les semaines.
– Un mensuel, tous les mois.
– Un bi-mensuel, deux fois par mois.
– Une revue annuelle paraît une fois par an.
Et « un canard » est un terme argotique pour désigner un journal, d'où le titre du célèbre journal satirique Le Canard enchaîné.
À vous !
I. Devinez le sens de ces expressions :
- Bon comme du bon pain.
- Pour une bouchée de pain.
- Être au pain sec et à l'eau.
- Gagner son pain à la sueur de son front.
- Manger son pain blanc.
- Ça se vend comme des petits pains.
- Je ne mange pas de ce pain-là.
- Avoir du pain sur la planche.
Solutions : 1. généreux, excellent – 2. pour presque rien – 3. être puni – 4. gagner sa vie en travaillant dur – 5. avoir des débuts heureux – 6. ça se vend facilement – 7. je n’accepte pas ce procédé – 8. avoir beaucoup de travail.
II. Où pouvez-vous commander ou acheter :
- une noisette ?
- un trombone ?
- une flûte ?
- une souris ?
- une crème ?
- un canard ?
Solutions : 1. La boisson ? dans un café. Le fruit sec ? dans une épicerie (mais au kilo !). – 2. L’instrument de musique ? dans un magasin spécialisé. L’agrafe ? dans une papeterie (par boîte de 100 !). – 3. L’instrument de musique ? dans un magasin spécialisé. Le pain ? À la boulangerie. – 4. L’animal ? dans une animalerie. L’accessoire pour ordinateur ? dans un magasin spécialisé. – 5. Pour soigner votre peau ? dans une pharmacie. En dessert ? chez le pâtissier. – 6. L’animal ? chez le volailler ou dans une animalerie. Le journal ? dans un kiosque ou dans une maison de la presse... mais vous vous ferez un canard en trempant un sucre dans du café ou dans l’alcool.
(d'après Odile GRAND-CLÉMENT,
Savoir-vivre avec les Français)