Mon amie la langue française
Svetlana MIKHAÏLOVA
Le français du tourisme
(Suite. Voir N°14, 16, 20, 21, 23, 24/2008, 01/2009)
Le tourisme vert
La tradition de la villégiature campagnarde remonte au XVIIe siècle, mais elle a connu un essor considérable à partir de la deuxième moitié du XIXe. Aujourd’hui, le tourisme dit vert, qui s’intéresse aux zones rurales, a pris le relais. Ses infrastructures et ses pratiques, très diversifiées, relèvent d’expérimentations sans égales.
Toute région rurale – y compris en moyenne montagne – qui bénéficie d’un climat agréable, d’une végétation riche et/ou typée, de bois et de forêts, de paysages et de villages pittoresques, de réserves et de parcs naturels, de rivières et de plan d’eau, a vocation au tourisme vert, donc, on ne peut pas établir une frontière bien nette entre les tourismes vert, bleu, montagnard, culturel, sportif, gastronomique etc.
À l’heure actuelle, le tourisme vert est très développé et il représente un tiers environ des séjours des Français et une bonne moitié (au moins) de ceux des Russes. Sa diffusion sur de vastes espaces évite toute saturation.
Il existe deux catégories de touristes : une clientèle à faibles revenus, qui conserve des attaches avec le milieu rural et utilise la maison des parents ou des amis. Ces touristes représentent dans les 60-70 % des « touristes verts ». Les autres vacanciers appartiennent aux catégories aisées (cadres moyens et supérieurs, professions libérales) ; ceux-ci préfèrent acheter leurs propres maisons de campagne ou en louent pour vacances. Les uns et les autres recherchent les activités sportives dans un cadre agréable, de la baignade dans la rivière au tennis, de la pêche et de la chasse à la randonnée et au cyclotourisme. Nombreux sont ceux qui témoignent un vif intérêt pour la culture régionale et ses manifestations : écomusées, parcs naturels, vieux villages, folklore, sports liés à l’identité ethnique (concours de bûcherons, de faucheurs, de tireurs de corde rappelant les dures travaux de champs et de la forêt).
Les paysages agraires
Depuis des siècles, les communautés villageoises ont respecté une sorte de trilogie spatiale, du village aux espaces extérieurs qui reste largement visible aujourd’hui. Autour du hameau ou du village, la zone des jardins et des vergers, où des espèces nouvelles étaient acclimatées, reste soignée et souvent pittoresque. Au-delà – l’espace des champs ouverts sans haies ni clôtures, à perte de vue (openfield), des prairies, des grandes cultures (blé, orge, avoine, jachère pour les troupeaux avec une rotation triennale) ; la troisième zone, à caractère presque sauvage, est occupée par les marais, les rochers, les taillis et, surtout, les bois.
Aujourd’hui, les opérations inconsidérées de remembrement, rançon du productivisme, ont malheureusement étendu l’openfield, livré aux engrais et aux machines. Aussi inquiétants sont d’autres phénomènes négatifs : l’enlaidissement des paysages par un réseau de pylônes, de poteaux et de fils, ou la construction de lotissements. Le tourisme vert ne peut qu’en pâtir. Il est, donc, indispensable pour les gouvernements de mener une politique cohérente de défense des paysages et des sites : entreprendre les actions de sauvegarde conduites par les collectivités, l’État, les associations (p.ex., Conservatoires régionaux d’espaces naturels français), créer des réserves et des parcs naturels.
Les réserves naturelles sont des espaces protégés contre toute intervention artificielle susceptible de les dégrader ; elles sont ouvertes au public selon les règles précises : la cueillette, la pêche et la chasse sont interdites, il n’y a pas d’hébergement. Il s’agit d’assurer la survivance et la reconstitution d’espèces végétales ou animales menacées, de préserver des sites géologiques et des biotopes rares ou fragiles, de conserver leur valeur esthétique aux paysages naturels.
Selon la définition internationale, un parc naturel national doit offrir des espaces sauvages, des sites, une flore ou une faune caractéristiques, tous strictement protégés. Toutefois, il peut être visité. Un parc national englobe trois types d’espaces : une « réserve intégrale », le parc proprement dit, la « zone périphérique ». Dans la réserve, dont l’accès peut être interdit, la flore et la faune sont étroitement protégées. Dans la seconde zone, les activités agricoles, pastorales ou forestières sont permises mais réglementées. Par contre, la circulation automobile, la construction, la chasse, la pêche et le camping y sont interdits ou strictement réglementés. La zone périphérique est ouverte aux activités agro-pastorales et aux équipements d’accueil et d’hébergement. Les trois zones sont dotées de sentiers de randonnées et de refuges. Un modèle en miniature de parc naturel se trouve dans chaque ville plus ou moins considérable.
Les parcs naturels régionaux qui existent en France et qui couvrent 5% de son territoire sont des espaces habités sans interdiction particulière. On y réunit la sauvegarde de la nature et la promotion économique. La population d’un parc national régional a les mêmes activités qu’ailleurs, mais l’accent est mis sur le maintien des activités agricoles et artisanales en difficulté et sur la création de nouvelles activités. Dès leur apparition à la suite d’une loi de 1969, ces parcs ont privilégié les aménagements de loisirs, mais il s’agit avant tout d’éveiller à la connaissance d’un pays (nature, faune, flore, activités économiques) et de favoriser les tourismes vert, culturel et sportif. Un parc naturel régional développe des infrastructures diverses : sentiers-découverte, gîtes d’accueil, centres d’initiation à la connaissance du milieu (avec stages et circuits guidés), écomusées, expositions, bâtiments réhabilités, réserves naturelles, ateliers d’artisans etc.
En parlant des parcs, il ne faut pas oublier les parcs de loisirs qui comprennent aussi bien Disneyland qu’un arboretum, un écomusée ou un parc aquatique ; il s’agit, donc, d’espaces clos, aménagés ex nihilo, où l’on vient profiter de spectacles et d’activités ludiques, retrouver les héros chers à l’enfance, regarder les animaux. Les premiers parcs de loisirs étaient les jardins zoologiques où les animaux étaient présentés au public dans des cages. Aujourd’hui les zoos des grandes villes laissent les animaux dans les cadres plus naturels et les visiteurs peuvent effectuer un parcours à pied, en monorail, en safari-voiture ou en safari-bateau. Des parcs aquatiques conjuguent la relaxation dans des zones spéciales, le jeu et les émotions du Lunapark, l’observation des poissons dans d’immenses aquariums. Les parcs de loisirs à thème sont conçus pour le divertissement et l’instruction. Ils présentent une grande gamme d’attractions, de spectacles et de parcours à partir d’un thème principal, par exemple, les personnages des dessins animés à Disneyland, de la bande dessinée dans le Parc Astérix, la science et la communication dans le parc de la Villette, le cinéma et l’image dans le Futuroscope à Poitiers.
Les infrastructures du tourisme vert
Le village traditionnel attire par son site et son architecture typique : au centre, autour d’une place, se trouvent l’église, les bâtiments administratifs, le marché ou les boutiques. Les rues alentour sont bordées de maisons accolées ou séparées. Le village traditionnel était pratiquement endogame et autosuffisant.
Les anciennes activités villageoises ont disparu et l’exode rurale a vidé maints villages. Toutefois, l’installation des résidences secondaires et l’essor du tourisme vert ont contribué à la « renaissance campagnarde ». L’extension de modes de vie urbains dans les anciens villages proches des villes, avec une inflation de lotissements, crée une interpénétration de la ville et de la campagne, ou rurbanité. Souvent, ces nouvelles zones développent un rôle paratouristique avec des bases et/ou des parcs de loisirs.
Les maisons paysannes restent aujourd’hui très nombreuses, et beaucoup, intelligemment restaurées, deviennent des résidences secondaires. Elles font partie du paysage, mais il est impossible de les visiter. Heureusement, des maisons typiques et leurs bâtiments annexes sont parfois intégrés dans un écomusée. Grâce aux reconstitutions, au mobilier, à l’outillage, une culture renaît.
Actuellement, les résidences secondaires représentent 70% des capacités totales d’hébergement en France et 20% des maisons rurales habitées ; leur nombre a doublé en vingt ans. Leur capacité d’accueil, énorme, sous des formes diverses (tables d’hôtes, fermes-auberges, gîtes ruraux privés ou communaux, gîtes de pêche ou de chasse), est faiblement utilisée. Le camping-caravaning, les villages de vacances, les centres de vacances pour les jeunes sont en progrès.
En Russie, après une période anarchique, les aménagements sont aujourd’hui mieux coordonnés, notamment grâce au développement des stations vertes de vacances. Depuis une quelques dix ans, les bases dites touristiques regroupent les anciennes bases rurales et bases de nature avec un équipement minimal (camping, hôtel, terrain de sports).
SOURCE :
C. PEYROUTET, Le tourisme en France, éd. Nathan, 2005
QUESTIONS ET DEVOIRS
1. Peut-on donner la définition exacte du tourisme vert ? Qui sont « les touristes verts » ?
2. Parlez de la tradition et de l’état actuel des paysages ruraux.
3. Où peut-on séjourner si l’on pratique le tourisme vert ?
4. Parlez de l’organisation et du fonctionnement des réserves naturelles, des parcs nationaux et régionaux.
5. Étudiez le texte ci-dessous et, en vous y basant, faites un rapport sur un parc national russe ou étranger. Procurez-vous de la documentation et des images.
Le parc de la Vanoise est la premier parc national français créé en 1963, il occupe 52 839 hectares et concerne 29 communes du département de la Savoie, entre les hautes vallées de l’Isère (la Tarentaise) et de l’Arc (la Maurienne). Il correspond au massif de la Vanoise, qui culmine à 3 852 m (Grande Casse) et possède une centaine de pics à plus de 3 000 m d’altitude. Ce parc est remarquable par les paysages de haute montagne, les alpages et les glaciers, la flore alpine et arctico-glaciaire (renoncule des glaciers, silène Acaule), la faune (chamois, bouquetin, marmotte, lièvre variable, lagopède). 600 km de sentiers balisés, 35 refuges dont quatre ont un rôle d’information (Portes du parc) s’offrent aux randonneurs. La zone périphérique, en Maurienne et en Tarentaise, est très bien pourvue en équipements résidentiels.
6. Citez les exemples des parcs de loisirs que vous avez visités en Russie et dans d’autres pays. Quel sujet pourriez-vous proposer à développer si l’on organisait le concours de nouveaux parcs à thème ?
7. Faites le thème :
За последние несколько десятилетий Франция превратилась в страну массового туризма. Привлечению такого большого потока туристов в страну способствует ряд факторов, и прежде всего разнообразие ее рельефа и природных ландшафтов, а также культурное наследие, богатое традициями. Рост экологического движения в 60-е и 70-е годы привел к зарождению нового вида отдыха– « зеленого туризма». Он дает возможность крестьянам получать дополнительные доходы за счет устройства сельских гостиниц, сдачи в аренду комнат с питанием и оборудования кемпингов на фермах. Проявляясь особенно активно в районе Рона-Альпы и в Центральном массиве, этот вид туризма способствует сезонному оживлению многочисленных пустующих деревень. В стране имеется 8 500 кемпингов, свыше 800 курортных поселков, около 42 тыс. сельских гостиниц и 3 000 тыс. домов дачного типа, располагающихся вокруг крупных городов на территории протяженностью от 20 до 100 км. Франция установила мировой рекорд по количеству дач на душу населения – одна на каждые 32 человека. Дачи, несмотря на финансовые затраты, связанные с их покупкой и поддержанием, считаются надежным вложением капитала и вызывают интерес иностранных покупателей, которые пользуются к тому же либеральностью французского законодательства.