Arts et culture
Fanny JOLY
La directrice est amoureuse
(extrait)
(Suite. Voir N°13, 14, 15, 17, 18, 19, 21, 23/2009)
C’est mercredi aujourd’hui, donc pas d’école. Je sors pour aller chercher des baguettes fraîches pour le petit déjeuner. Dans la rue, je vois Martial qui veut m’accompagner à la boulangerie.
– Alors, c’est ratée, cette histoire de piscine, non ? demande Martial.
– Non. Moi, j’ai beaucoup aimé ça. Bien sûr, on n’a pas vu le stagiaire, mais ça ne dit pas que la directrice n’est pas amoureuse de lui ! dis-je.
– Tu penses ?
– Mais bien sûr ! Elle est presque devenue une autre. Tout a changé : son sourire, ses cheveux, ses vêtements, ses souliers… tout. Et tout ça depuis l’arrivée du stagiaire !
Quand nous sortons de la boulangerie, Martial est très pensif.
– Tiens, Lison, je veux dire qu’elle est peut-être amoureuse, mais, jusqu’à aujourd’hui, elle a eu peur de dire cela à Édouard…
– Mais où veux-tu arriver ? Je ne vois pas très bien.
– Alors, il faut aider la directrice. Nous allons écrire une lettre à Édouard Ledoux pour lui dire que la directrice est amoureuse de lui.
Comment Martial a pu inventer cela ?
– Mais il va tout de suite voir que c’est nous qui avons fabriqué la lettre.
– Mais non, on va écrire la lettre à l’ordinateur. On peut le faire aujourd’hui, sur l’ordinateur de papa, quand il va jouer à la pétanque.
Vous savez, je suis parfois vraiment étonnée de l’intelligence de Martial. La seule chose qui reste, c’est comment faire parvenir cette lettre au stagiaire, mais là, c’est moi qui ai une bonne idée.
– Pas de problème ! Tu sais, chaque professeur a un casier à courrier dans la salle des professeurs. Maman me demande souvent d’ y poser des lettres. Hier, j’ai remarqué qu’Édouard Ledoux a aussi un casier.
– Très bien, crie Martial. Rendez-vous chez moi à une heure et demie.
Je rentre très vite à la maison. Quand on a mangé, je travaille pour l’école. Je révise mes leçons, j’aide maman à la cuisine. Quand je veux aller chez Martial, maman n’est pas très contente. Je lui explique que maintenant on a les examens, qu’on travaille beaucoup.
– Et puis, madame Nervos doit être souvent dans votre classe, avec le stagiaire, dit maman.
Alors, là, c’est presque la panique.
– Tu sais tout ?
– De quoi ?
– Eh bien, du stagiaire ?
Ma mère me regarde avec des yeux bizarres, un peu mystérieux.
– Bon, ce n’est pas pour toi…
Vraiment, je ne peux plus rester calme.
– Mais, il y a quelque chose, je veux dire, avec le stagiaire ?
– Non, non, rien qui peux t’intéresser.
Puis maman embrasse « sa gentille petite fille » et dit :
– Bon, tu peux aller chez Martial, mais ne rentre pas trop tard, hein ?
Quand j’arrive à l’épicerie, je vois Martial devant l’ordinateur branché déjà depuis un bon moment parce qu’il y a beaucoup de mots sur l’écran.
Je regarde le texte sur l’écran :
MON AMOURRE ÉDOUARD
JE T’AIME MON CHERR AMI
SIGNÉ : TON AMOURRE, ... NERVOS
Je regarde Martial qui a un grand sourire. Il est content de lui.
– C’est ça, ta lettre ?
– Ben quoi ?
– Mais tu a fait des fautes ! C’est juste la leçon qu’il faut réviser pour demain. Pour une fois, j’ai révisé, moi. Il faut corriger.
– Bon, d’accord. Tu vois, j’ai mis des petits points au lieu du prénom. C’est quoi, le prénom de madame Nervos ?
– Je ne sais pas, moi.
– Ta mère doit le savoir.
– Hé, tu penses que je vais tout de suite téléphoner à ma mère pour lui demander le prénom de la directrice ? Ainsi, elle va tout savoir. Et puis, je pense que madame Nervos ne doit pas signer la lettre. Il nous faut une lettre anonyme, voilà !
– Anonyme ? C’est quoi ?
– Ça veut dire : pas signée. Alors, on ne sait pas qui a pu écrire la lettre…
– Non, mais ça ne sert à rien.
– Mais si, çà sert à donner de l’information ! Ça veut dire : « Madame Nervos vous aime… » et non : « Je t’aime signé madame Nervos ». Pour nous c’est un risque moins grand et puis ça va faire une plus grande impression sur la personne qui lit ce texte.
À ce moment, on entend la voix du père de Martial.
– Ho, Martial, ce n’est pas toi qui as mon cochonnet ?
– Vite, Martial tape sur le clavier. Les mots ont disparu.
– Euh, je n’ai pas mémorisé et ma lettre est effacée, il va falloir écrire de nouveau.
Le père de Martial entre, il ne retrouve pas son cochonnet.
– Qu’est-ce que j’ai pu faire avec ce cochonnet ? Et vous, les enfants, qu’est-ce que vous faites ? Pas de choses idiotes, ou quoi ?
– Non, papa, pas de problèmes, on travaille.
– C’est bien, ça. Tiens, voilà mon cochonnet ! Quelle chance !
Enfin le père de Martial part. Nous, on continue à écrire la lettre. On fait beaucoup d’efforts. Et voici le texte.
ÉDOUARD, TU NE SAIS PEUT-ÊTRE PAS ANCORRE, MAIS LA DIRECTRICE EST FOLLE DE TOI. MADAME NERVOS N’A JAMAIS ÉTAIT COMME MAINTENANT. SI TU AIME MADAME NERVOS, C’EST BIEN POUR TOI. MAIS SI TU N’AIME PAS, TU VA ÊTRE EN DANGER.
Pour signer, nous choisissons les mots : « L'œil qui voit tout »…
Nous composons la lettre jusqu’à cinq heures mais on n’est toujours pas d’accord. On ne signe donc pas. Enfin Martial tape sur le clavier et fait sortir la lettre de l’imprimante. Je mets la lettre dans une enveloppe et je sors de chez Martial pour rentrer chez moi avec notre lettre anonyme.
Fiche pédagogique
VOCABULAIRE
rater – потерпеть неудачу
où veut-tu arriver – куда ты клонишь
depuis un bon moment – уже давно
brancher – включать
effacer – стирать
ça ne sert à rien
jouer à la pétanque – играть в шары
cochonnet (m) – маленький шар
intelligence (f) – ум
faire parvenir – доставить
casier (m) à courrier – отделение в шкафчике с перегородками для почты
QUESTIONS
- D’après Lison, qu’est-ce qui a changé dans l’apparence de la directrice ?
- Qu’est-ce que les copains décident de faire ?
- Pourquoi Lison est presque en panique quand maman lui parle de madame Nervos ?
- Qu’est-ce que c’est qu’une lettre anonyme ?
- Est-ce difficile d’écrire des lettres ?
- Martial sait-il bien manier l’ordinateur ?
- Notez les mots qui ont rapport à l’ordinateur.
- Est-ce que Martial a fait beaucoup de fautes de grammaire ? Essayez de les trouver toutes.
- Reste-t-il beaucoup de fautes dans la lettre finale ?
(La publication est préparée par Nadejda ROUBANIK.)